Cette nouvelle édition du Cinéma méditerranéen nous convie à un véritable voyage cinématographique, allant du Portugal aux confins de la mer Noire, en passant par l'Afrique du Nord qui occupe une place privilégiée. Deux Nord-Africains concourent pour l'Antigone d'or : le Marocain Nabil Ayouch et le Tunisien Jilani Saadi avec, respectivement, Une minute de soleil en moins (2002) et Khorma (2002). Le premier suit l'enquête du jeune inspecteur de police, Kamel Raoui, sur l'assassinat d'un important trafiquant de drogue à Tanger, alors que le second met en scène Khorma, un jeune orphelin qui affronte la colère montante de l'entourage quand il décide de réorganiser le métier de colporteur de nouvelles et de prieur des morts. Plusieurs autres films venant d'autres pays, dont l'intérêt est centré sur la jeunesse et la précarité de la vie, sont en lice. On note Le Mariage de Rana (2002) du palestinien Hany Abu-Assad, Occident de Cristian (2002) du Roumain Mungiu et Ljubljana (2002) du Slovène Igor Sterk. Deux autres Maghrébins concourent pour la Bourse d'aide au développement, décernée depuis 1992 pour des projets de longs métrages de fiction. Il s'agit de l'Algérien Mohamed-Rachid Benhadj avec L'Agneau d'Orient et du Tunisien Khaled Ghorbal, réalisateur de Fatma, avec Un jour de printemps. Les deux projets ont pour thème les enfants palestiniens. Tout un programme spécial, "Transméditerranée, un cinéma d'une rive à l'autre", est consacré aux rapports aussi bien étroits que fructueux qu'entretiennent les cinémas maghrébin et français, et qui se sont amplifiés ces dix dernières années. Cela se remarque à travers les courts et longs métrages des réalisateurs des deuxième et troisième générations d'immigrés maghrébins en France. Cette génération dite de la "visibilité" a insufflé une dynamique nouvelle au cinéma hexagonal, et ce aussi bien sur le plan du regard cinématographique, de la thématique que de la technique. En retour, ces jeunes ont trouvé un cadre idéal, inexistant chez eux, pour exprimer leurs talents. Cette dynamique sera montrée à Montpellier à travers une sélection de classiques et d'autres films récents : Le Thé au harem d'Archimède (1985) de Mehdi Charef, Bye-bye (1995) de Karim Dridi, Le Gone du Chaâba (1997), de Christophe Ruggia, Mémoires d'immigrés (1997) de Yamina Benguigui, Vivre au paradis de Boualem Guerdjou (1998)... Parallèlement, on retrouve d'autres mini-rétrospectives pertinentes. D'un côté, Italie : Camera a sinistra fera revivre l'âge d'or du cinéma italien de l'après-guerre, connu pour son engagement volontaire à gauche dont quelques symboles : Le Voleur de bicyclette (Vittorio De Sica, 1948), Les Camarades (Mario Monicelli, 1963)... Et de l'autre, Espagne : L'Ecole de Barcelone montrera les différentes facettes de cette école, née dans un contexte de résistance au franquisme et qui s'est distinguée par la critique radicale franquiste et la rénovation des formes cinématographiques. On y retrouve certains films emblématiques : Fata Morgana (Vicente Aranda, 1965), Lejos de los árboles (Jacinto Esteva, 1963-1970), Sexperiencias (José Maria Nunes, 1968). Enfin, deux grands hommages sont au menu. Le premier est à l'Oranaise de naissance Nicole Garcia, à travers une série de films et le second à l'Alexandrin Omar Sharif, à travers une sélection de films dont Lawrence d'Arabie (David Lean, 1962) et Citoyen masri (Salah Abou Seif, 1990). T. H.