Emettant 24/24, depuis le mercredi noir et reçue dans toutes les chaumières en langues arabe et mozabite, la radio locale de Ghardaïa a, sans aucun doute, permis de sauver beaucoup de vies humaines par le biais de ses alertes permanentes et de ses conseils à la population. Donnant un point de situation toutes les demi-heures, elle a permis à beaucoup de sinistrés, du moins les premiers jours de la catastrophe, de garder un contact avec “l'extérieur”, contribuant ainsi efficacement à orienter et informer la population. S'il y a un canal de communication qui a dès les premiers instants de la catastrophe pris la mesure de l'événement et s'est mobilisé en conséquence, c'est bien la radio locale de Ghardaïa. La jeune équipe constituée de journalistes des deux communautés s'est démenée, comme des professionnels, et ils en sont, pour récolter l'information et la propager à toute la vallée du M'zab et même au-delà. H24, les studios sont restés fonctionnels, les équipes qu'elles soient rédactionnelles ou techniques se sont tous investies et ont convergé vers un seul but : l'information et en temps réel, soulageant par la chaude présence de leur timbre vocal, beaucoup de familles, qui, grâce à ce contact, ont eu l'impression de ne pas avoir été oubliées. “Je suis Mozabite, pour ma part, il n'y a pas de problème, je suis trilingue, mais croyez-moi que ma vieille mère habitant seule au fin fond de la palmeraie et qui ne comprend que notre langue maternelle, n'a dû son salut qu'en écoutant la radio en mozabite, alors qu'elle faisait sa prière du matin, ce qui lui a permis de se mettre à l'abri chez des voisins. Sa maison complètement ravagée par les eaux, je suis persuadé qu'elle n'a été sauvée que par la radio locale, ce dont elle ne cesse de le répéter à qui voudrait bien l'entendre”, affirme Aami Bakir Bafouloulou, que nous avons rencontré en train justement, avec d'autres, pieds nus dans la boue et la vase, dans cette superbe palmeraie, écopant et essayant de nettoyer la demeure de sa vieille mère. Les voix de Mokhtar Bahnas, Sid Ahmed Guerni, Mahfoud Kerkar, Saïd Ouerdane, Bakir Métabri et Omar Chegma, ne seront pas oubliées de si tôt par la population de la vallée du M'zab, qui, dans son immense majorité, salue la mobilisation et l'efficacité de cette jeune radio qui n'a ménagé aucun effort pour faire parvenir l'information, les conseils et les orientations dans les moindres coins et recoins de cette superbe région, dévastée par le cataclysme. L. K.