Le président du Zimbabwe au pouvoir depuis 1982 tourne le dos à l'arrangement trouvé par ses voisins de l'Afrique australe pour régler son différend avec sa propre opposition. Mugabe, qui a été réélu dans des conditions pas du tout démocratiques, même au plan symbolique, ne veut lâcher le pouvoir. Il s'est arrogé les postes-clés, renvoyant l'opposition à une simple représentation alors qu'elle est majoritaire au Parlement. L'inamovible président, qui a pourtant conclu un accord de partage du pouvoir avec l'opposition, a attribué les ministères de la Défense, de l'Intérieur et des Finances à des membres de son parti. Arrogant, Mugabe a pris cette décision de Mugabe après un tête-à-tête avec Morgan Tsvangirai, chef de file du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), principale formation de l'opposition ! Le MDC a récusé cette initiative qu'il juge unilatérale et qui menace, selon lui, l'accord sous le parrainage de la SADC (Afrique australe) représentée par l'Afrique du sud. “Ce que nous voyons, c'est l'arrogance de la part de la Zanu-PF qui met l'accord sur un gouvernement d'union nationale en péril”, a déclaré le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa. “Cette liste n'est pas et ne sera pas approuvée par le MDC. Elle est unilatérale, méprisante et scandaleuse. Ils sont en train de rouler le peuple du Zimbabwe”, a-t-il ajouté. En effet, samedi, le journal gouvernemental du Zimbabwe a annoncé que le président Mugabe avait attribué la plupart des portefeuilles-clés du gouvernement à son parti. L'opposition, qui a signé le 15 septembre un accord de partage du pouvoir, n'a d'autre recours que de faire de nouveau appel au médiateur sud-africain Thabo Mbeki. Celui-ci doit se rendre demain à Harare pour tenter d'aider les dirigeants politiques à surmonter le blocage sur le futur gouvernement d'union. M'beki va reprendre son bâton de pèlerin dans le cadre de la médiation de la Communauté de développement d'Afrique australe mais sans autorité. Il n'est plus le président de l'Afrique du Sud, son parti l'ANC l'ayant démis de cette fonction pour ouvrir la voie à son rival Zuma. M'beki sera accompagné de son équipe habituelle de négociateurs : l'ex-ministre des Collectivités locales, Sydney Mufamadi, le secrétaire général à la présidence Frank Chikane et sa conseillère légale Mojanku Gumbi. D. B.