Il faut bien avouer qu'on couvait au fond de nous-mêmes cette folle envie de voir notre équipe nationale passer ce dernier tour éliminatoire des qualifications jumelées CAN-Coupe du monde. Et le rêve fut finalement exaucé et ce, au grand bonheur de millions d'Algériens toujours aussi amoureux du club Algérie, avec tout ce que cela contient comme attachement aux couleurs nationales. Certes, ce fut un accouchement au forceps car il aura fallu une riposte héroïque des Verts à Monrovia face au farouche Liberia, et surtout une égalisation miraculeuse de la Gambie à Dakar face au Sénégal, pourtant archi-favori du groupe, pour que les poulains de Rabah Saâdane passent par le trou de la serrure. Et comme il ne faut pas faire la fine bouche sur une aussi belle aubaine, il nous est certainement agréable de saluer tel qu'il se doit cette bouffée d'oxygène qui ne manquera pas de vivifier quelque peu un football algérien plus que jamais convalescent, et qui donnait la nette impression de secouer péniblement ses haillons pour tenter de relever fébrilement la tête. Le grand mérite de Rabah Saâdane a été de redonner une âme et une personnalité à cette sélection nationale, lui qu'on connaissait déjà pour son amour et sa fidélité pour ces vaillants Fennecs qu'il a su déjà gérer courageusement et admirablement lors des éliminatoires des deux Coupes du monde 1982 et 1986, les deux repères historiques de l'EN, mais aussi en 2004 lors de la CAN de Tunisie où il fit bonne figure à Sfax lorsqu'il terrassa les Pharaons d'Egypte avant d'abdiquer honorablement devant les Lions de l'Atlas marocain. Même si la bande à Saâdane a quelque peu affiché une certaine fragilité à l'extérieur, notamment en Gambie et au Sénégal où elle s'était inclinée de très peu, son mérite réside certainement dans sa ténacité et son invulnérabilité à domicile où elle aura réussi le carton plein face au Liberia (3 à 0), puis la Gambie (2 à 0) et surtout le Sénégal (3 à 2), dans un stade de Blida qui a toujours souri en fait aux camarades de Karim Ziani. “Ils ont finalement gagné par… 0 à 0 !” ont chuchoté hier avec un mélange de fierté et d'ironie des millions d'Algériens tout heureux en fait de savourer cette belle qualification acquise à la force des jarrets par cette belle génération des Ziani, Gaouaoui, Bouguerra, Mansouri, Antar – Yahia et autres Zaoui et Bezzaz, sans oublier le vétéran Saïfi. Mais il ne faut surtout pas tomber dans une euphorie démesurée et oublier que le chemin est encore très long pour une sélection en plein renouveau et en totale reconstruction. Le chef d'orchestre de cette belle symphonie, en l'occurrence Rabane Saâdane, est certainement un artiste de renom qui maîtrise bien son art et qui ne veut guère claironner sur tous les toits pour appeler au contraire à la prudence et à la persévérance. Le fait de retrouver quelques grades de notoriété dans le concert international est déjà un bon stimulant pour le football algérien, mais le bel exploit des Verts ne doit pas constituer en fait l'arbre qui cache la forêt. Au prochain tour décisif pour la double qualification à la Coupe d'Afrique des nations et à la Coupe du monde 2010, la tâche sera beaucoup plus ardue dans la cour des grands d'Afrique où des adversaires d'envergure tels que le Cameroun, le Nigeria, l'Egypte, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud ou encore le Maroc et la Tunisie ne seront pas faciles à manier, mais un tel challenge pourrait constituer un bon prélude pour la réhabilitation du football algérien à la seule condition que les pouvoirs publics se décident enfin à doter l'équipe nationale de tous les moyens nécessaires pour lui permettre de rivaliser avec les grandes nations étrangères. Mohamed HAOUCHINE