L'Algérie a entrepris de réformer son appareil judiciaire. À partir de l'année 2005, elle s'est dotée notamment d'une nouvelle loi consacrant “l'idée de défense sociale”, qui fait de l'application des peines “un moyen de protection de la société, par la rééducation et la réinsertion sociale des détenus” (article 1 de la loi 05-04). Dans cette loi, il est fait état de la préservation de la “dignité humaine” et de “l'élévation” du niveau intellectuel et moral des personnes privées de liberté, de même que de “l'exercice de (leurs) droits (…) dans les limites nécessaires” et conformes aux dispositions. Sur un autre plan, notre pays a ratifié les principaux instruments internationaux portant droits de l'Homme, à l'exemple de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, du Pacte international sur les droits civils et politiques et de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Hier, lors de la journée d'étude qui s'est tenue à l'hôtel El-Djazaïr, le directeur général des établissements pénitentiaires a parlé de “niveau satisfaisant”, en s'exprimant sur les conditions d'incarcération. Mokhtar Fellioune a reconnu que beaucoup de domaines ont été améliorés au sein des prisons, citant la santé, la propreté, l'enseignement et la formation professionnelle. “Mais il reste encore à faire”, a-t-il ajouté. Le responsable a annoncé la construction prochaine de 63 centres pénitentiaires, rappelant au passage que sur les 127 prisons existantes, 75 datent de la période coloniale, dont 65 d'entre elles ont été fermées depuis. M. Fellioune a fait savoir que 18 centres carcéraux sont programmés d'ici à la fin 2009, dans la région des Hauts-Plateaux et au Sud, totalisant 19 000 places et permettant à chaque détenu de bénéficier à lui seul d'un espace de 9 m2. De son côté, le président de la CNCPPDH, Farouk Ksentini, a appuyé le fait que “la législation algérienne consacre le droit des détenus”, référence faite en particulier à la loi de 2005. Au cours d'un point de presse qu'il a animé, ce dernier a informé que la journée d'étude intervient plus d'une semaine après la visite des personnes privées de liberté, en prison, en garde à vue dans des commissariats. Une visite que sa structure a initiée et qui a touché plusieurs wilayas du pays. “Nous avons constaté des améliorations substantielles en matière des conditions de détention. Pour une fois, nous avons découvert un créneau où les choses vont bien. Des pas importants ont été franchis par l'administration pénitentiaire, mais elle peut encore faire mieux”, a soutenu M. Ksentini. Le conférencier a cependant précisé qu'un “projet de construction de nouveaux centres pénitentiaires vise le règlement de la surpopulation carcérale”. Il a également appelé les professionnels de l'information à se rendre dans les prisons, afin de s'enquérir de la situation réelle des détenus. Plus loin, Farouk Ksentini a regretté l'attitude de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, estimant que ses représentants “souffrent depuis longtemps d'un préjugé vis-à-vis de l'Algérie, qu'ils présentent comme un pays antidémocratique”. “Nous les avons invités… Nous leur avons dit : allez vous informer sur le terrain”, a-t-il attesté. Se présentant comme “un militant” de la réconciliation nationale, le président de la CNCPPDH a révélé, sur ce registre, que “la Charte de la réconciliation est le meilleur des choix qui a été fait par l'Algérie”. Non sans admettre que “tout texte est imparfait” et qu'il doit être “complété”. “Le but de la réconciliation nationale, qui est le retour à la paix, a été réalisé”, a signalé M. Ksentini. H. A.