Depuis juin 2005, 1055 détenus ont bénéficié du régime de la liberté conditionnelle, 276 de la semi-liberté et 719 d'une permission de sortie, alors que 83 détenus ont pu bénéficier de contrats de préemploi dans les activités d'intérêt général. C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, en marge de l'installation du comité interministériel de coordination des activités de rééducation et de réinsertion sociale des détenus. Le ministre a indiqué que ces mesures de substitution des peines entrent dans le cadre de la politique de réinsertion des détenus mise en œuvre dans le cadre de la réforme de la justice. Il a indiqué, à propos du taux de récidive, estimé, selon lui, entre 42% et 45%, qu'il s'agit d'une moyenne plus ou moins acceptable, comparativement à celle de nombreux pays. Pour le ministre, la réinsertion des détenus est une tâche qui concerne toute la société et pas uniquement son département. Interrogé sur l'avancement des négociations entre l'Algérie et la Grande-Bretagne pour l'extradition de Abdelmoumen Khalifa, Tayeb Belaïz a déclaré : « A l'heure actuelle, tout se passe bien entre les deux pays pour aboutir à la signature d'une convention judiciaire bilatérale, qui prend en compte tous les aspects liés à la justice pénale, commerciale et civile. » Pour lui, « il y a de fortes chances pour que Abdelmoumen Khalifa soit extradé ». Pour ce qui est de l'arrestation, au Maroc, des trois Algériens impliqués dans le détournement des deux milliards de dinars de la BNA, le garde des Sceaux a répondu : « Il existe une convention judiciaire entre le royaume et l'Algérie. Les relations en matière de justice sont excellentes. Néanmoins, la Cour suprême du royaume reste souveraine quant à la décision qu'elle va prendre concernant les trois Algériens réclamés par la justice. » Sur la question liée à la non-programmation des affaires de terrorisme au rôle de la session criminelle, le ministre a affirmé que ces affaires seront jugées durant la prochaine session criminelle, évitant ainsi de lier cet emploi du temps à l'élaboration des textes d'application de la charte pour la paix, qui prévoient des mises en liberté et des réductions de peine pour les terroristes. Interrogé sur l'incarcération du directeur de la prison d'El Harrach, Belaïz a estimé que « le temps de l'impunité est révolu ». « Principe de l'individualisation de la peine » Selon lui, « qu'elle soit ministre, directeur ou tout simplement agent, toute personne qui faillit aura affaire à la justice. Que chacun assume ses faits parce que la justice sera impartiale ». Revenant sur la question liée à la réinsertion des détenus, le ministre de la Justice a affirmé que l'installation du comité interministériel de coordination et des activités de rééducation et de réinsertion « vient combler un grave vide juridique. Nous avons remarqué que, pendant des années, une fois la peine purgée, le détenu se retrouve dans la rue sans aucune prise en charge. Ce qui a encouragé la récidive. Les nouveaux textes de lois relatifs à la réinsertion sociale des détenus ont consacré les principes et les idées de défense sociale, qui font de l'application des peines un moyen de protection de la société par le biais de la rééducation et d'un traitement qui préserve la dignité humaine. L'application de la peine privative de liberté doit obéir au principe de l'individualisation de la peine, basé sur un traitement adapté à la situation pénale et à l'état physique et mental du détenu... ». Parmi les nouveaux textes de lois, le ministre a noté celui qui permet aux détenus d'avoir accès au téléphone « dans le but de préserver continuellement les liens familiaux vu leur impact sur le comportement du détenu et d'alléger la contrainte du déplacement des familles pour leur rendre visite ». Il a également cité le décret promulgué en novembre 2005 relatif à l'octroi d'une aide sociale et financière au profit des détenus démunis lors de leur mise en liberté, leur permettant de couvrir leurs besoins en médicaments et vêtements et de couvrir les frais de transport nécessaires pour rejoindre leurs familles. Le ministre a mis en avant les différentes mesures prises dans le cadre de l'humanisation des prisons à travers la dotation de ces établissements en équipements sanitaires, le réaménagement des lieux, l'amélioration des conditions de vie, mais aussi la promotion de l'activité éducative. A ce titre, il a déclaré que le nombre de détenus qui suivent des cours d'enseignement a enregistré une augmentation de 77% par rapport à l'année passée, pour atteindre 6594 détenus inscrits. Ceux qui suivent une formation professionnelle sont au nombre de 4686 détenus, soit une hausse de 61% par rapport à ceux enregistrés par rapport à l'année précédente. Tayeb Belaïz a affirmé, en outre, que parallèlement à ces mesures, un projet de texte sera incessamment promulgué pour permettre le suivi des délinquants durant la période post-carcérale par des services externes dont la création est pour bientôt et éviter ainsi la récidive. « L'installation du comité de coordination vient à point nommé pour faire participer tous les secteurs de l'Etat et de la société civile ayant une relation avec la réinsertion et pour aider les délinquants à revenir sur le droit chemin. » A signaler que ce comité est composé de 21 membres, représentant de nombreux ministères, mais également du Croissant-Rouge, des scouts et de la Commission nationale consultative de promotion et de défense des droits de l'homme (CNCPDDH). Sa première réunion a été tenue hier, sous la présidence du directeur général de l'administration pénitentiaire, Mokhtar Fellioune, en tant que représentant du ministre de la Justice, président de ce comité.