Le président afghan, Hamid Karzaï, a remanié son gouvernement, chassant notamment son ministre de l'Intérieur, soupçonné de corruption. Son remplacement vise donc à apaiser les reproches formulées par les membres de l'Alliance militaire occidentale qui ont dénoncé le manque d'efficacité du gouvernement afghan ainsi que la corruption endémique dans le pays. Hanif Atmar, qui récupère ce portefeuille sensible de l'Intérieur, est perçu par les alliés comme un homme “compétent” qui a introduit de nombreuses améliorations lorsqu'il avait la charge de l'Education. Atmar semble également épargné par les affaires de corruption. Karzaï a procédé à ces nominations alors que la guerre contre les talibans dure depuis huit ans et que les Occidentaux poursuivent leurs efforts financiers pour aider à la constitution d'une police nationale afghane. Trois milliards de dollars ont été investis dans ce but au cours des deux dernières années, mais ce programme de réforme a été largement pénalisé par la corruption qui régnait au sein du ministère de l'Intérieur, ont expliqué des proches de l'Otan. Mais comme le ministre ripou est puissant, il a été nommé à la tête du ministère des Réfugiés. Un secteur où il peut certainement encore bouffer et faire bouffer les chefs tribaux d'où il tire son pouvoir. Karzaï devait, par ailleurs, faire approuver son nouveau gouvernement par le Parlement qui est dominé par les anciens seigneurs de guerre. Le président afghan, dont l'aura a disparu, annonce également qu'une centaine de talibans ont péri au cours des dernières batailles dans le sud de l'Afghanistan, ainsi que la récupération de districts jusque-là sous contrôle des talibans. Le sud de l'Afghanistan se trouve au cœur de l'insurrection talibane, qui a fait plus de 4 700 morts cette année. Mais Karzaï devra compter de moins en moins sur ses alliés occidentaux. Les pays membres de l'Otan ne parviennent plus à rassembler assez de fonds pour envoyer des hélicoptères de combat supplémentaires en Afghanistan en appui à l'Isaf, a-t-on appris de source autorisée à Bruxelles ! L'appel de l'Otan lors de son sommet de Budapest est resté sans effet. Son SG, Jaap de Hoop Scheffer, se contente de faire part de sa déception. “Les pays de l'Alliance disposent de milliers d'hélicoptères et les alliés ne devraient pas se heurter à ce genre de problèmes pour trouver quelques centaines d'hélicoptères destinés à des théâtres d'opérations”, s'est-il lamenté lors d'une conférence de presse. L'Otan compte actuellement 50 700 militaires en Afghanistan, où les chefs militaires de l'Alliance voudraient déployer 12 000 hommes supplémentaires. Avec la crise financière internationale, la trésorerie de la guerre contre les talibans risque de s'aggraver, d'où l'invitation par Karzaï à l'Arabie Saoudite pour une mission de médiation avec les talibans les élèves du wahhabisme. D. B.