Ce projet de loi sera très prochainement soumis au Conseil de gouvernement avant d'être envoyé devant les deux chambres du Parlement pour adoption. Il était temps ! Traqués, licenciés, oubliés et souvent méprisés et blessés dans leur amour-propre, après avoir bravé la violence armée en Algérie, les Patriotes, ces hommes qui ont affronté durant la décennie rouge les nébuleuses de l'Armée islamique du salut (AIS), du Groupe islamique armé (GIA) et du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) auront bientôt un statut digne de ce nom. Un statut — et ce n'est que justice rendue — qui rendra le sourire à ces milliers de pères de famille, à ces ridjal ouaqifoun (ces hommes debout) qui ont sacrifié leur vie, leur carrière professionnelle et leurs familles pour que vive l'Algérie de 2008. Selon des sources concordantes, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia vient de confier le dossier au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Yazid Zerhouni, pour étude et enrichissement en vue d'affilier, très probablement, cette catégorie à son département. En effet, affirment nos sources, il s'agit d'un premier texte de loi portant “réinsertion socioprofessionnelle des Patriotes” et qui comprend plusieurs chapitres, notamment ceux liés à la reconnaissance de ces hommes, leur réhabilitation ainsi que la définition de leurs droits et obligations. Et si le chef de l'Exécutif a répondu à l'appel incessant et au cri de détresse des Patriotes, au moment où l'Algérie fait face à une nouvelle menace du terrorisme international, c'est parce qu'il s'agit, avant tout, d'une revendication somme toute légitime, d'une part, et une manière de mettre un terme aux tentatives de récupération politicienne de ce courant éradicateur, qui a mené une lutte acharnée, aux côtés des forces de sécurité, contre le terrorisme. La tâche ne semble pas facile dès qu'il s'agit avant tout de recenser le nombre exact de Patriotes et des Groupes de légitime défense (GLD) engagés dans la lutte contre la violence armée et de cerner les besoins urgents que ce texte de loi devra prendre en charge. Un travail de longue haleine avait été déjà fait par le gouvernement sur cette catégorie à travers plusieurs wilayas, nous dit-on. Mais pour parer à toute éventualité de vide juridique, le département de Zerhouni aura également la difficulté de situer l'autre catégorie, à savoir les familles de Patriotes et de GLD dont le père et le fils ont été assassinés ou ont décédé durant cette douloureuse période. Mais aussi, ceux qui ont subi les affres du terrorisme et qui ne peuvent, désormais, plus réintégrer la vie professionnelle, donc invalides à vie. Ce projet de loi, qui sera très prochainement soumis au Conseil de gouvernement avant d'atterrir au niveau des deux chambres du Parlement pour adoption, aura donc le mérite de mettre au goût du jour une revendication qui a longtemps suscité des controverses tant sur la forme que sur le fond. Il faut savoir que la réinsertion socioprofessionnelle des Patriotes suggère la mise en place d'un dispositif, voire d'un fichier qui mettrait à l'abri cette catégorie de tout autre tentative de fraude et ce, en procédant à un recensement par régions et en soumettant des fiches de renseignements aux responsables locaux. Des fiches qui devront être ensuite visées par les services compétents avant d'atterrir au département de Zerhouni. Loin d'être une promesse ou une mesure populiste, ce texte de loi vient définitivement trancher une question sensible que celle des hommes qui ont répondu hier à l'appel de la République. F. B.