Approche n Pour Louisa Hanoune, l'Algérie n'a pas seulement besoin d'une réforme économique, mais aussi et surtout d'une véritable réforme politique. Revenant sur l'impact de la loi de finances complémentaire que son parti approuve, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a préféré, hier, en marge de la réunion de son bureau de la wilaya d'Alger, évoquer l'aspect politique de cette loi qui a suscité moult réactions, notamment de la part de plusieurs opérateurs économiques. Louisa Hanoune qui a qualifié certains des articles de cette loi, notamment ceux liés à la limitation des importations, de «très importants», a invité les autres partis politiques à se prononcer sur cette loi. «Le silence de certains partis politiques est insupportable, il dénote clairement leurs relations avec le monde des affaires.» «Seuls les parasites et les corrompus peuvent aujourd'hui refuser les décisions limitant les importations pour protéger l'économie nationale», a-t-elle affirmé. La SG du PT a appelé à la nécessité d'une réforme politique sans laquelle «on ne peut pas croire à une réforme économique», lance-t-elle, refusant de séparer l'orientation économique de la tendance politique du gouvernement qui doit s'armer de plus de volonté mais aussi de courage pour préserver la souveraineté nationale et faire face à la corruption de la nouvelle couche riche, responsable, selon elle, des malheurs de l'Algérie d'aujourd'hui. «Je ne fustige pas les hommes d'affaires qui ont réussi à monter et à faire tourner leurs entreprises et qui travaillent dans la légalité, mais je parle de cette mafia qui a pillé les richesses du pays, profitant d'une privatisation anarchique et chaotique», dénonce Mme Hanoune. Et d'ajouter : «En Algérie, nous n'avons pas une bourgeoisie ou une culture de la bourgeoisie au sens classique du terme, car les bourgeois ont une culture. Je n'admets même pas que ces nouveaux riches constituent une classe, mais ils sont une petite couche de parasites sans culture qui ne peuvent pas apporter quelque chose à la société.» Mais malgré les bonnes décisions prises par le gouvernement, Mme Hanoune a souligné que des contradictions persistent encore au sommet de l'Etat quant à la privatisation des entreprises publiques. Elle a d'ailleurs qualifié de très grave la décision prise récemment, liée à l'ouverture du domaine de la maintenance de la Sntf (Société nationale de transport ferroviaire). Elle a même averti que cela pourrait engendrer des incidents et même des accidents si on livre ce secteur sensible au privé dont le seul but est de gagner de l'argent sans souci de la sécurité des voyageurs. La socialiste trotskiste a cité aussi la mauvaise gestion de l'entreprise ADB de l'aéroport international d'Alger et celle de Dubai Ports qui gère depuis 2005 le port d'Alger. Selon elle, toutes ces entreprises étrangères n'ont rien apporté de plus ni en matière de formation ni sur le plan de la gestion. Comme elle met en garde les responsables d'Algérie Poste qui pensent à ouvrir le domaine de la distribution au privé. Code communal et de wilaya En deça des attentes l Concernant le nouveau code communal et de wilaya qui n'a pas encore été présenté à l'APN, Louisa Hanoune le trouve déjà en deçà des enjeux et des aspirations. Car il ne va pas renforcer les prérogatives des élus locaux mais incarnera encore le déséquilibre entre le pouvoir des élus et celui de l'administration, estime-t-elle. Concernant le point ayant trait à la promotion de la femme et les encouragements initiés dans ce nouveau code pour les femmes afin d'investir le domaine politique, Louisa Hanoune le trouve absurde. Ce code se focalise davantage sur le volet quantitatif que qualitatif et au niveau des femmes candidates. Ce qui ne va pas aider la femme bien entendu. En tout cas, on ne peut pas attendre grand-chose pour ce qui concerne la promotion de la femme dans ce nouveau code, car si on veut vraiment atteindre cet objectif il faut bien revoir le code de la famille. S'agissant du prochain nouveau découpage administratif, Mme Hanoune déclare qu'elle n'a pas d'informations précises sur ce projet, se contentant de dire que «d'après certaines informations le prochain découpage ne sera pas bon».