Le Centre national de pharmacovigilance et de materiovigilance a révélé, à la faveur d'une enquête, que 35,91% des malades n'achètent pas certains médicaments essentiels parce qu'ils ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. L'information a été rendue publique lors d'un séminaire organisé à Alger sur les prestations de soins sans les unités de soins de base. L'enquête, effectuée au niveau de certains établissements publics de proximité à l'ouest d'Alger, a établi que le taux des médicaments non remboursés par la sécurité sociale représente 5,63% de l'ensemble des médicaments disponibles dans les pharmacies. Selon l'enquête réalisée entre la période comprise – le 12 janvier et le 27 février 2008 –, les médicaments non disponibles dans les pharmacies représentent 10,37%, ce qui conduit à dire que le taux de disponibilité des médicaments essentiels dans les officines est de 89,63% et non de 100% comme il est recommandé par les instances mondiales. Il faut savoir que la nouvelle carte sanitaire privilégie la hiérarchisation des soins, pour exploiter de manière rationnelle les moyens humains et matériels dont dispose le département de la santé. Les soins de bases sont situés au premier niveau, c'est-à-dire ceux que peuvent prendre en charge les unités sanitaires de proximité. Les autres cas nécessitant des prises en charges spécialisées sont dirigés vers les Etablissements hospitaliers spécialisés (EHS) ou vers les Centres hospitalo-universitaires (CHU). Les participants à ce séminaire ont abordé les modalités relatives à la réalisation d'une enquête nationale sur les soins de base. “Pour pouvoir assurer les soins, les centres doivent disposer des médicaments essentiels”, affirme un médecin du secteur public. Les unités de soins de base ne sont plus rattachées au secteur sanitaire, mais elles forment des entités dépendantes des Etablissements publics de soins de proximité (EPSP) qui disposent de leurs propres budgets et qui sont équipés de service de radiologie et de laboratoires d'analyses. Ces établissements sont ouverts 24 heures sur 24 et assurent aussi les gardes. La prise en charge des urgences au niveau local permet aux patients de ne pas faire de longs déplacements, et soulage aussi les équipes médicales des EHS et des CHU où ne seront évacués que les cas lourds. Les gestionnaires de la santé tentent d'élaborer des stratégies pour diminuer le coût de la prise en charge des malades en encourageant une prescription appropriée qui ne prendra en compte que les médicaments essentiels. Les patients, quant à eux, ne cessent de tirer la sonnette d'alarme. C'est le cas notamment des hémophiles qui se plaignent des pénuries des facteurs 8 et 9 qui leur sont vitaux en cas d'œdème ou d'hémorragie. “Normalement, nous devons disposer de ces facteurs chez nous. Les nouvelles dispositions nous obligent à nous rendre à l'hôpital. Si je dois m'injecter 500 unités lors des 20 minutes qui suivent l'apparition d'un œdème, il en faudra 1 200, une heure après, et cela n'empêchera pas l'apparition de complications”, affirme M. Iguerderzen, président du comité d'Alger de l'Association nationale des hémophiles. Les représentants des associations des malades chroniques espèrent que les économies que veulent réaliser les gestionnaires de la santé, ne les priveront pas d'une bonne qualité de prise en charge. Djafar Amrane