Mi-juin dernier, soit il y a quatre mois de cela, des engins lourds de travaux publics ont décapé, durant une semaine, l'une des principales routes de la ville de Collo, l'avenue de la Palestine et d'autres rues adjacentes. Depuis, à part quelques manifestations furtives de certains employés, la chaussée est toujours défoncée. Lors des intempéries du début d'octobre, des parents ont recouru à des pousse-pousse, comme dans les marécages du sud-est asiatique, pour acheminer leurs enfants vers les écoles primaires situées dans les alentours. Du jamais vu à Collo, c'est comme si la ville avait subi un quelconque bombardement. Au début, durant tout un mois, des engins lourds barraient la route endommagée à la place des signalisations usuelles, comme si Collo était devenue un parking à ciel ouvert. Tout cela devrait être normal car un chantier est ouvert. Or, ledit chantier n'a jamais été officiellement et réglementairement ouvert. Cette précision a été donnée, hier, par une source au fait d'un dossier qui s'apparente à un véritable scandale. Cette partie de la réhabilitation du centre urbain de Collo est un important projet qui consiste à refaire l'assainissement, le réseau de l'éclairage public et, bien sûr, le revêtement de la route. Projet sectoriel, donc décroché dans le cadre du programme du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, il engage plusieurs acteurs, dont la direction des travaux publics et l'APC de Collo. Tout a commencé durant le mois de juin dernier, quand les différentes composantes du projet furent attribuées à plusieurs entreprises. Sans attendre l'avis de la commission de wilaya, la signature des contrats et la réception des ordres de service, des entrepreneurs ont entamé les travaux. Le ton fut donné par celle chargée du revêtement de la chaussée qui procédera, sans même avertir les riverains, au défoncement de l'ancienne. Notre source explique que c'est le non-respect de ces procédures élémentaires mais essentielles dans le code des marchés publics qui est derrière le fiasco général que connaît le programme devenu une malédiction pour toute la ville. Notre interlocuteur ne comprend pas l'ampleur de l'entorse alors que le dossier est censé être suivi, localement, par différentes institutions. “Où sont passés les inspecteurs de l'urbanisme et les policiers du service de l'environnement qui n'ont pas bronché devant la détérioration de la voie publique sans autorisation”, s'inquiète notre source. Dans ce genre de situation où l'enjeu se chiffre à des milliards, la possibilité de voir la commission de wilaya rejeter les différents dossiers devrait être prise en compte par les décideurs locaux. Alors, qui a pris la responsabilité d'autoriser une telle entorse ? Autrement dit, qui a intérêt à mettre la commission des marchés devant le fait accompli ? À l'hôtel de ville, on rejette tacitement l'idée que les travaux aient été engagés sans signer de contrats avec les entreprises et sur l'existence d'une quelconque défaillance chez ces derniers. “Il faut que tout le monde sache que pour n'importe quel projet, il y a des délais qui sont précisés dans les cahiers des charges et dans les contrats. Jusqu'à preuve du contraire, les entrepreneurs sont dans le cadre de la durée qui était fixée. Nous n'avons donc rien à leur reprocher jusqu'à preuve du contraire”, répond le P/APC de Collo à un citoyen qui lui a posé la question sur le forum du site de l'APC. “Nous n'avons pris aucun retard. Les chantiers que vous avez cités relèvent de programmes sectoriels et une fois les procédures liées aux marchés publics achevées, le chantier a été mis en place durant la deuxième quinzaine du mois de juin et les travaux se déroulent d'une manière tout à fait normale”, ajoute le P/APC. Le premier élu de la localité trouve aussi que le projet est mené dans les délais : “Je comprends l'inquiétude des citoyens quant au rythme qu'ils jugent un peu lent dans l'évolution du chantier mais il y a des contraintes d'ordre technique et administratif qui expliquent un peu certains ralentissements au niveau de certains chantiers. C'est très délicat de parler de tous les détails, mais je peux rassurer les citoyens que nous assurons un suivi permanent. Nous sommes en contact permanent avec la direction de l'urbanisme, surtout la subdivision de l'urbanisme, nous tenons des réunions régulières avec les entrepreneurs et avec tous les services concernés pour que les choses se déroulent d'une manière acceptable.” Mourad KEZZAR