L'école supérieure des Beaux-Arts a abrité, hier matin, deux conférences dans le cadre du festival international de la bande dessinée d'Alger. L'éditeur, “spécialiste” et non moins passionné du 9e art, Lazhari Labter, a fait une rétrospective de la bande dessinée en Algérie (de 1962 à nos jours). Il a, ensuite, cédé sa place à l'auteur, Djilali Biskri, qui a évoqué les nouveaux débouchés possibles pour les étudiants en architecture et aux beaux-arts. Lazhari Labter est remonté vers l'âge d'or de la bande dessinée algérienne. Il a, d'abord, rendu hommage aux pionniers de la BD en Algérie, en citant Abderrahmane Madoui, Mohamed Torbal, Maz, Sid-Ali Melouah, Ahmed Aroun, Mohamed Aram ou Hebrih. Il entrera ensuite dans le vif du sujet en affirmant que “la BD algérienne a une longue histoire et l'intérêt pour le 9e art chez nous n'est pas nouveau. Avant l'indépendance déjà, Issiakhem était dessinateur de presse”. Mais la BD algérienne connaît véritablement un essor en 1967, avec Mohamed Aram qui publie la 1re BD algérienne intitulée “Une sirène à Sidi-Fredj”, et qui paraîtra en épisode dans Algérie Actualité. Des bédéistes, notamment Maz, Hebrih et Slim, ont émergé grâce à l'espace que la presse de l'époque offrait. La “révolution” vient en 1969 avec la revue M'quidech, publiée à l'époque dans les deux langues. Aram, Madoui, Hamzizou, Aider, Melouah, Slim, Mansour Amouri (le créateur de Richa) ont, entre 1969 et 1974, explosé. Selon Labter, “M'quidech va jouer un rôle capital. Elle sera un vivier et une école”. Mais au moment où la revue s'arrête, la bande dessinée connaît un déclin et malgré d'éparses tentatives de création de revues consacrées au 9e art, comme l'expérience de l'Enal en 1978 qui a essayé de relancé M' Quidech en arabe, ou encore celle de Maz en 1976 qui, soutenu par le par le ministère de l'Environnement, a créé la revue Ibtassem, mais les belles années sont passées et l'âge d'or est révolu. Dans les années 1990, Slim publie les aventures de Bouzid, et Melouah sort La flèche des assassins, mais c'est le néant dans le domaine de la revue, donc aucun support d'expression pour les jeunes. Aussi, Labter constate un phénomène tout à fait intéressant. En fait, “avec les journaux libres, on s'attendait à ce que la BD explose, mais c'est la caricature qui sort de l'ombre car centrée sur l'actualité”. Il ajoutera : “La crise de la BD est beaucoup plus profonde ; c'est une crise de la culture.” Lazhari Labter conclura par l'urgence de trouver une identité culturelle et artistique dans un pays qui n'a plus de repères. La deuxième conférence, portant sur la transformation d'une bande dessinée en film d'animation, a failli ne pas avoir lieu. Prévue à 10h, celle-ci n'a commencé qu'à 12h, et il n'y a eu que l'auteur, Djilali Biskri, qui a répondu présent. Ce dernier a essayé de démontrer que l'informatique en particulier et la science en général pouvaient être au service de l'artiste. Il parlera de son expérience dans le domaine du film d'animation. La science emprunte à l'art les techniques de la photographie ainsi que celle du dessin, mais c'est l'artiste qui modélise l'œuvre. Les étudiants de l'école des Beaux-Arts ainsi que ceux d'architecture ont des possibilités de travailler dans le domaine de l'animation extrêmement lucratif puisqu'une seconde animation peut coûter 10 000 à 1 000 000 de dinars. Djilali Biskri conclura en affirmant que l'animation permet de “prévoir le futur et interpréter le passé”. Sara Kharfi