Le Premier ministre mauritanien, nommé en août par les militaires putschistes, a quitté samedi soir Nouakchott pour Paris où il doit conduire lundi la délégation de son pays aux consultations avec l'Union européenne (UE), a annoncé hier l'agence AMI (officielle). Ces discussions doivent s'ouvrir lundi en milieu de matinée dans les locaux de la Banque mondiale à Paris. Elles sont présentées par la presse mauritanienne comme un “grand oral” crucial pour la junte dirigée par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, deux mois et demi après le coup d'Etat unanimement condamné par la communauté internationale. Dans le cadre des accords de Cotonou liant l'UE aux pays ACP (Afrique, Caraïbe, Pacifique), la Mauritanie est invitée à discuter avec les Européens de la situation créée par le renversement du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, arrêté le 6 août après 15 mois au pouvoir et toujours privé de liberté. Conduite par le Premier ministre Moulaye Ould Mohamef Laghdaf, la délégation mauritanienne comprend cinq membres du gouvernement nommés après le putsch, plusieurs conseillers du chef de la junte ainsi que des parlementaires et des membres de la société civile, précise l'agence mauritanienne d'information (AMI). Par ailleurs, le chef de la junte au pouvoir depuis le 6 août en Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, a installé une commission préparatoire des “états généraux de la démocratie” devant conduire au retour à l'ordre constitutionnel dans ce pays, rapporte samedi l'AMI (Agence mauritanienne d'information, publique). Selon celle-ci, la commission a été installée samedi par M. Ould Abdel Aziz, marquant officiellement la mise en chantier des “états généraux de la démocratie” en vue du retour à la légalité constitutionnelle en Mauritanie. Conduite par le Premier ministre nommé par la junte, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, la commission, créée jeudi par décret présidentiel, comprend plusieurs membres de son gouvernement, selon la même source. Elle doit produire dans un délai d'un mois un document pour permettre la tenue de ces journées de concertations, initialement prévues en septembre mais visiblement reportées au mois de novembre. Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), qui regroupe des partis opposés au putsch du 6 août, avait annoncé un boycottage de ces états généraux de la démocratie “parce qu'ils se tiennent sous l'égide des militaires putschistes”. Le général Ould Abdel Aziz, cité samedi par l'AMI, a appelé tous les acteurs politiques, parlementaires, élus locaux, partis politiques, les membres de la société civile et les partenaires au développement de la Mauritanie à “participer activement et de façon constructive au succès” de ces concertations. Il a renouvelé l'engagement de la junte à “assurer la continuité de l'Etat et l'organisation d'élections présidentielles capables de relancer le processus démocratique dans le pays et de le fonder sur des bases solides et durables en concertation avec les forces politiques et la société civile”. R. I./Agences