Les récentes chutes de pluie leur font tourner la tête. Les petits fellahs jubilent et ne font qu'à leur tête en ce moment, après les récentes chutes de pluie qui ont grassement arrosé la région. Ils ont déjà entamé les premiers labours en mettant, cette fois-ci, la charrue avant les bœufs, sans attendre le feu vert de la wilaya, seule habilitée à prononcer officiellement la date d'ouverture de la campagne labours-semailles. Au cours de cette saison agricole, il est prévu d'emblaver plus de 15.000 hectares de terres à travers tout le territoire de la wilaya, contre seulement 7.000 lesquels ont atteint un rendement sans précédent, jusqu'à 3 quintaux /hectare, notamment dans les zones sahariennes du Sud de la daïra de Brerzina. Eternel casse-tête chinois pour les autorités locales et plus particulièrement pour la Conservation des forêts, les labours en milieu steppique demeurent sans conteste le dossier le plus épineux à gérer en raison d'un écosystème fragilisé par la surcharge des terrains de parcours, des effets néfastes de la sécheresse et enfin de l'arrachage de l'alfa sur d'immenses étendues. Seuls 70.000 hectares de terres sont susceptibles d'être rentables mais dont plus des deux tiers doivent être réservés aux parcours. Qui du petit fellah, solidement attaché à la pratique des travaux des champs, ou de l'éleveur aura le dessus, soucieux de la préservation de son capital cheptel, l'emportera. Les premiers ont d'ores et déjà mis les petits plats dans les grands en semant à poignées la moisson future aux sillons et les seconds crient à hue et à dia leur désarroi face aux espaces qui se rétrécissent comme une peau de chagrin.