Le Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme a déploré, hier, dans un communiqué, le traitement réservé aux quatorze familles des harragas qui avaient organisé un rassemblement devant le consulat de Tunisie à Annaba. En effet, les familles, venues protester devant la représentation tunisienne, réclamaient des informations sur leurs enfants détenus en Tunisie après leur interception, alors qu'ils tentaient de rejoindre les côtes italiennes, par les garde-côtes, ont été arrêtées et défférées devant le procureur qui a requis des peines de trois ans. La ligue, présidée par Me Bouchachi, rappelle les différents dispositifs garantissant la liberté et le droit des familles à demander des informations et à pousser les autorités à prendre en charge le problème. Cela d'autant plus qu'il s'agit de nationaux à l'étranger et qu'“au terme de l'article 24 de la Constitution, l'état algérien est responsable de la sécurité des personnes et des biens et qu'il est tenu par conséquent d'assurer la protection de tout citoyen à l'étranger”, lit-on dans le communiqué. La Ligue demande également aux autorités de se renseigner sur la situation des autres harragas, détenus ou décédés, en Tunisie et d'informer leurs familles. Solidaire avec les parents des disparus en mer, la LADDH insiste et demande la “libération immédiate des parents des harragas détenus à Annaba”. Placé sous le signe de l'urgence, le phénomène devrait bénéficier d'un traitement à la source. “Il y a urgence à traiter les racines de ce phénomène par de profondes réformes politique, sociale et économique en consacrant la démocratie, les libertés individuelles et collectives, les valeurs de tolérance et la répartition équitable du revenu national”, conclut la LADDH. Il est vrai que le phénomène n'est géré jusqu'à présent que de manière “répressive” et traité exclusivement par les services de sécurité et la justice. Cette dernière, confrontée à un vide juridique en la matière, prononce souvent des peines de prison. R. N.