Safé Bourada a fait partie du groupe qui a semé la terreur en France en 1995. Pour sa participation à ces attentats qui avaient fait 8 morts et 200 blessés, et revendiqués par le GIA, alors sous la coupe de Djamal Zitouni, il a passé 10 années en prison. Il n'en sortira pas. Il a encore écopé jeudi de 15 années d'emprisonnement supplémentaires pour avoir fondé un groupe qui aurait projeté des attentats en France. Le tribunal correctionnel de Paris, devant lequel il comparaissait depuis plusieurs jours, a jugé qu'il était “le créateur et le responsable idéologique” d'Ansar Al-Fath, un groupe qui avait “bien des projets en France”. Il l'a reconnu coupable d'association de malfaiteurs à visée terroriste et de financement d'une entreprise terroriste. Sa peine a été assortie d'une période de sûreté des deux tiers. Le procureur a estimé que la “détermination” et la “dangerosité” du prévenu étaient intactes et avait requis contre lui 20 ans de réclusion, soit la peine maximale pour ces délits en état de récidive légale. En 1998, ce Français d'origine algérienne avait été condamné à 10 ans d'emprisonnement pour son rôle de premier plan dans l'organisation du réseau chargé de la réalisation des attentats de 1995. À sa sortie de prison en 2003, Safé Bourada avait fondé un groupe baptisé Ansar Al-Fath (les Partisans de la conquête) qui, selon l'accusation, se livrait au prosélytisme et au financement de la cause, notamment par le racket de prostituées. “Mon client a été condamné pour ce qu'il pensait et non pas pour ce qu'il avait fait”, a déploré son avocat, Me Duval-Stalla. Dans ce dossier, c'est un suspect en détention à Oran qui a permis de démanteler le réseau. Interpellé en septembre 2005 à Oran, M'hamed Benyamina aurait dit à la police que le groupe de Bourada planifiait des attentats contre le métro parisien, le siège de la DST (contre-espionnage) et l'aéroport parisien d'Orly. Ces éléments avaient ensuite été communiqués aux services français. Un haut responsable algérien avait d'ailleurs été reçu à l'époque par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, en signe de félicitations de cette coopération contre le terrorisme. A. OUALI