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Les recommandations de la SAIP
Pour l'émergence d'une véritable industrie pharmaceutique susceptible de réduire la facture des médi
Publié dans Liberté le 27 - 10 - 2008

D'autres mesures opératoires devront être prises après l'interdiction d'importations de médicaments fabriqués localement : la liste des produits à protéger, leur remboursement par la Sécurité sociale…
Tout en saluant l'interdiction d'importation des médicaments fabriqués localement, le Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP) veut connaître les mesures d'accompagnement pour mettre en application une telle décision. De prime abord, le SAIP, de la bouche de son représentant, le Dr Abdelkrim Djebbar, demande l'instauration d'un dialogue permanent entre les différents intervenants dans le secteur. Il met en exergue la transparence dans les diverses actions à mener pour l'amélioration de la situation qui prévaut sur le marché national. Le syndicat souhaite que soient établies les trois catégories de listes des produits. Il s'agit des produits issus de la production nationale, de ceux importés en vrac et des médicaments finis. À ce propos, le Chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, a d'ores et déjà réclamé à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) la liste des produits à interdire à l'importation. Il existe au moins entre 600 et 700 produits à protéger, estime-t-on au SAIP. Néanmoins, les produits introduits en vrac sur le marché local, poseront un problème de traçabilité, notamment sur leur origine et le risque de contrefaçon… La mise en œuvre de la décision gouvernementale, qualifiée encore une fois par le SAIP de “courageuse et nationaliste”, exige, selon le Dr Djebbar, l'inscription des médicaments fabriqués en Algérie sur la liste des remboursables. “C'est la meilleure mesure pour encourager un investisseur”, précise-t-il dans une conférence de presse qu'il a animée hier. Ce qui va également inciter les investisseurs étrangers, ajoute-il, à venir lancer leurs projets dans notre pays. Les producteurs affiliés à cette organisation souhaitent, en outre, que leurs produits ne soient pas soumis à un tarif de référence d'une manière unilatérale de la part des responsables concernés. Ils proposent, en revanche, de fixer un prix suivant le consensus qui émanera de toutes les parties impliquées. Pour généraliser l'utilisation des génériques, le SAIP estiment que les officines doivent bénéficier d'un soutien de l'Etat. Pour les médicaments génériques vendus, les pharmacies doivent recevoir une certaine aide financière ou un autre avantage. La disposition ayant trait à la durée de vie du médicament à importer, exigée à plus de 24 mois, abandonnée jusque-là, doit être, suggère le SAIP, réinstaurée. Par ailleurs, en évoquant l'impact de la décision de Ouyahia, le conférencier n'écarte pas l'éventualité de perturbations sur le marché. “Des pénuries calculées ou justifiées pourraient cependant intervenir sur le marché”, prévient-il. À travers cette rencontre avec la presse, le syndicat veut montrer les prémices d'une nouvelle ère qui commence dans le secteur. Pour le président de Lad Pharma, depuis 1995, une anarchie totale caractérise le marché. La décision de Ouyahia se veut, souligne le Dr Djebbar, un message clair de la volonté ferme de l'Etat de créer une véritable industrie pharmaceutique en Algérie. Elle intervient avec un retard d'une décennie… L'industrie a stagné pendant 13 années.
L'industrie a stagné pendant 13 ans
Il a reconnu l'échec des opérateurs qui ont opté pour la production dans leur perspective. “Nous avons tenté de lancer une industrie, mais 13 ans après, nous n'avons pas pu relever le défi”, avoue-t-il. Le P-DG de Lad Pharma justifie cet échec par des contraintes et plusieurs facteurs de blocage. Pour cet opérateur, depuis l'année 2000 principalement, une désorganisation a entouré la production nationale, la commercialisation, l'importation… du médicament. Faisant un rappel, de son aventure, Abdelkrim Djebbar a indiqué qu'un choix s'est présenté devant lui : opter pour le gain facile par le biais de l'importation de produits pharmaceutiques et leur vente en l'état ou s'orienter vers la production qui nécessitait, remarque-t-il, patience, professionnalisme et éthique. La plupart des opérateurs, affirme le P-DG de ce laboratoire, ont investi le créneau juteux de l'importation au détriment de la jeune industrie qui était encore à ses premiers balbutiements. À peine si les quelques producteurs commençaient à se lancer dans la fabrication, un coup de grâce venait de la liste des produits non remboursables. Cette industrie naissante a été freinée dans son élan, pourtant prometteur, par le non remboursement de ses propres produits par les caisses de la Sécurité sociales. Une décision qui s'inscrivait en faux de l'encouragement de la production locale. Ce qu'appelle le Dr Djebbar une “faute grave” a provoqué une démobilisation totale au sein des producteurs locaux. Car, produire un médicament c'est loin d'être une mince affaire. Cela nécessite de gros investissements du point de vue de la technologie, des équipements, procédures,… Le tarif de référence fixé par les pouvoirs publics sur la base des prix pratiqués par les laboratoires étrangers, n'a fait, relève le docteur, qu'envenimer la situation. Or, “ce prix référentiel, n'existe nulle part dans le monde”, avance-t-il. Les conséquences de ces “erreurs fatales” sont considérables surtout pour les caisses de Sécurité sociales qui ont remboursé jusqu'à 70 milliards de DA. Sans oublier également les usines qui ont fermé et les quelque 400 postes d'emploi perdus. Quant à l'argument de l'adhésion à l'OMC avancé par les autorités, le conférencier répond : “Il n'existe aucun organisme qui vous demande de détruire votre économie.”
Badreddine KHRIS


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