Le voulait-il vraiment ? Certains considèrent que le Président ne se résoudra jamais à ce que d'autres qualifient de “viol” de la Constitution, mais ce serait méconnaître les impératifs de ces modifications. “Partielle et limitée”. La révision de la Constitution tant attendue et objet de toutes les spéculations aura bien lieu. Après 9 années de mandat présidentiel, Bouteflika peut se doter de sa “propre” loi fondamentale. Il n'était question ni de troisième mandat ni de régime présidentiel dans le discours de Bouteflika, mais la révision, annoncée en grande pompe par le premier magistrat du pays, ne parle en définitive que de cela. Comme ses prédécesseurs, Bouteflika aura une Constitution à sa mesure. Mais surtout à sa demande. Le texte fondateur trituré, tripoté, raturé, réécrit avant lui sera une nouvelle fois au cœur de la nouvelle vision des équilibres du pouvoir entre les institutions. Et dans ce cas, il est fort à parier que le pouvoir présidentiel en sortira renforcé. Car au-delà, Bouteflika a été peu bavard sur les implications mêmes des modifications. Pressé par ses partisans, suspendus à ses lèvres depuis des mois, attendu par les partis de la coalition qui n'ont eu de cesse de multiplier les effets d'annonces, Bouteflika a finalement cédé aux exigences de la “stabilité” et de la “continuité”. Le voulait-il vraiment ? Certains considèrent que le Président ne se résoudra jamais à ce que d'autres qualifient de “viol” de la Constitution, mais ce serait méconnaître les impératifs de ces modifications. Car au lieu d'un bouleversement, c'est une révision technique, aux conséquences politiques indiscutables, que le Président veut faire adopter. Pas question de référendum, trop risqué à quelques encablures d'une élection présidentielle ni d'un débat byzantin au niveau des deux Chambres. Le mot d'ordre semble donné : faire simple, rapide et efficace. Car, paradoxalement, Bouteflika va consacrer une Constitution que ses successeurs auront du mal à rectifier. Aucun futur candidat à la présidentielle ne prendra à contre-sens les changements annoncés pour affaiblir une institution qu'il est désireux de présider. Le renforcement des pouvoirs présidentiels est un juste retour des choses depuis que cette institution, sous l'impulsion de Bouteflika lui-même, est redevenue l'épicentre de la décision. Tout le monde le voulait, Bouteflika plus qu'un autre, même si cela a pris deux mandats pour se faire. M. B.