Rien ne va plus au FLN de Béjaïa. En effet, pas moins de 47 kasmas sur les 53 que compte cette wilaya exigent “le départ immédiat de l'actuelle commission provisoire, composée de 26 membres, que dirige l'ex-députée Dalila Fourar”, et “l'installation officielle du bureau de la mouhafada, constitué de 11 membres, démocratiquement élus par la base militante lors de l'assemblée générale du 2 novembre 2006 à laquelle avait pris part Amar Saïdani en sa qualité de membre du bureau national du parti et président de l'APN”. C'est du moins ce qui ressort de la lettre adressée récemment par les 47 kasmas contestataires au secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Les signataires de cette missive, qui attendent toujours une suite à leur démarche, n'ont pas manqué de faire part à Belkhadem de “la situation peu reluisante que vit actuellement le parti au niveau régional, et qui se traduit par l'absence totale des responsables de la commission provisoire sur la scène politique”, affirmant que “ce dysfonctionnement est l'une des conséquences de la mauvaise gestion des membres de la mouhafada qui ont toujours prôné la politique de l'exclusion en mettant à l'écart tout cadre ou militant compétent et sincère”. Pour Saâdi Djerroud, secrétaire de la kasma de Chemini, qui a eu la majorité des voix lors de l'AG du 2 novembre 2006, “le départ de l'actuelle mouhafida et de son équipe est impératif. Il y va de l'avenir de notre parti dans la région”.“Que nos responsables se remettent à la légalité. Nous ne demandons que le respect des principes démocratiques et les fondements du parti. Nous rejetons le parachutage et le provisoire qui perdurent”, enchaîne-t-il sur un ton plus ferme. Avant de conclure : “En tout cas, je pense que le FLN mérite mieux dans une wilaya aussi historique, de surcroît ayant abrité le Congrès de la Soummam !”Pour sa part, l'actuelle mouhafida de Béjaïa, que nous avons contactée hier, tient à souligner que “le FLN se porte bien à Béjaïa et les membres de la mouhafada continuent à travailler dans un cadre légal. Nous sommes d'ailleurs en train de restructurer certaines kasmas et tout se passe bien pour le moment”. Mme Fourar, qui se veut confiante, reconnaît néanmoins qu'“il n'est pas vraiment facile de réunir les 26 membres de bureau”. Interrogée sur l'impact de la lettre adressée par les 47 kasmas à Belkhadem demandant son départ, notre interlocutrice accuse ses détracteurs d'“avoir utilisé le cachet des kasmas à des fins individualistes, sans consulter la base militante”. Et d'ajouter : “Les auteurs de cette pétition devront répondre de leurs actes devant les instances du parti.” Afin de se faire valoir une certaine légitimité, l'ex-députée FLN de Béjaïa affirme qu'elle aussi dispose d'une motion de soutien signée par une cinquantaine de kasmas de la wilaya de Béjaïa. “J'ai une trentaine d'années de militantisme au sein de la kasma de Béjaïa. Et quand on est militant, on n'a pas le droit de boycotter une élection et travailler à l'encontre de son propre parti”, a-t-elle laissé entendre pour enfoncer davantage ses détracteurs qui ont opté pour un vote à blanc lors des dernières législatives de 2007, après avoir rejeté la liste de Béjaïa.Pour rappel, ce groupe de protestataires, qui tient régulièrement des réunions en dehors de la mouhafada de Béjaïa, a commencé à prendre forme au lendemain de la désignation par le secrétaire général du parti des 26 membres de l'actuelle commission provisoire qui dirige cette instance régionale, excluant ainsi les véritables membres ayant été élus par la base. Cette substitution “injustifiée” a coûté cher au FLN de Béjaïa, puisqu'à la veille des élections législatives du 17 mai 2007, un appel au vote à blanc a été lancé par plusieurs kasmas qui rejetaient la liste des candidats “imposés” à la députation. Cet appel avait, faut-il le préciser, eu un écho favorable auprès de la base, notamment dans la vallée de la Soummam, étant donné que le FLN n'a eu que deux députés à Béjaïa, au même titre que son rival de la coalition présidentielle, le RND, qui n'a jamais réalisé un tel score dans cette région. À en croire les dires de certains observateurs de la scène politique, la crise qui secoue ces derniers mois le FLN de Béjaïa est plus profonde, car elle tient son origine de l'avènement du mouvement de redressement du parti qu'ont mené les partisans de Bouteflika afin de contrecarrer l'aile rivale que dirigeait Ali Benflis. KAMEL OUHNIA