Obama ou McCain, pas de bouleversements dans la politique moyen-orientale et orientale des Etats-Unis. Plus qu'un symbole, un héros, pour avoir préservé l'Irak d'une guerre civile, le général américain David Petraeus nommé par Bush pour normaliser l'Irak et ses périphéries, a endossé vendredi une responsabilité plus grande en prenant la tête du Commandement central, le fameux Centcom, pièce maîtresse de la présence américaine dans cette vaste région pétrolière, de pétrodollars et de terrorisme islamiste également. Militaire bardé de diplômes, notamment en relations internationales de la prestigieuse université de Princeton, spécialiste de la lutte anti- insurrectionnelle, Petraeus est la tête des opérations militaires américaines dans une région comprenant l'Irak et l'Afghanistan, mais aussi l'Iran, le Pakistan et l'ensemble du Golfe, soit 20 pays ! Lorsqu'il fut nommé commandant des forces américaines en Irak, en février 2007, beaucoup considéraient le pays comme une cause perdue, promis à une guerre civile inévitable. Il aura, disent les experts militaires, redressé la barre, du moins évité aux Etats-Unis la vraie débâcle, en adoptant une stratégie basée sur un redéploiement de 30 000 soldats supplémentaires en 2007 et sur une ouverture sur les sunnites et les tribus pro-Saddam. Son travail a été unanimement salué par le président sortant et les deux candidats à sa succession, John McCain le républicain et son rival démocrate Barack Obama. Le général et le Centcom quittent le terrain des opérations pour se fixer à Tampa, en Floride. Le Centcom travaillera en étroite collaboration avec le commandement des forces de l'Otan basé à Bruxelles et le commandement des forces américaines pour l'Afrique basé en Allemagne dans l'attente d'un pays d'accueil dans le continent noir. Mais la situation dans la vaste zone de couverture du général est loin d'être pacifiée. En Afghanistan, la situation s'est largement détériorée ces derniers mois. Obama et McCain ont appelé à un renforcement de la présence américaine. Il devra en priorité s'occuper de ce pays dont les talibans de retour menacent jusqu'au Pakistan. Dans ce pays qui est quelque peu en froid avec Washington, depuis l'éviction du président Musharraf d'Islamabad, Petraeus tentera de persuader l'armée pakistanaise de mener des opérations efficaces contre les activistes qui opèrent à la frontière afghane. La cohabitation avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche est assurée, car même Obama, qui a appelé à un retrait d'Irak dans un délai de 16 mois, est satisfait de ce général à qui les analystes confèrent une influence à Washington ainsi que dans toute la région dont il aura la charge.Petraeus a pour habitude de dire que l'insurrection ne se combat pas uniquement par la force militaire et rappelle souvent l'importance de la compréhension des cultures locales, des accords politiques et du développement économique pour prévenir la violence. Il n'a pas pu convaincre les néoconservateurs, il sera écouté quel que soit le vainqueur du 4 novembre. D. B.