Echec n Plus de quatre ans après l'invasion, les Américains voient que l'Irak est loin du modèle que M. Bush promettait pour le Proche-Orient. Le président George W. Bush doit dire demain, jeudi, aux Américains, las de la guerre en Irak, s'il fait rentrer une partie des plus de 160 000 soldats déployés dans le pays, et surtout combien et quand. Dans une allocution télévisée d'un peu plus d'un quart d'heure prévue à 21h 00 (vendredi 01h 00 GMT), M. Bush, dont toute la présidence paraît dépendre de la tournure d'une guerre impopulaire, devrait annoncer qu'il retirera d'ici à juillet 2008 les 30 000 hommes envoyés en renfort en 2007. M. Bush, qui a toujours dit s'en remettre pour de telles décisions à l'avis des responsables sur le terrain, observerait ainsi les recommandations, décrites longtemps à l'avance comme déterminantes, du général commandant les troupes en Irak, David Petraeus. S'il suit ces recommandations à la lettre, il devrait laisser en suspens la question de la présence américaine en Irak après juillet 2008, alors qu'il ne lui restera pourtant plus que six mois à la Maison-Blanche. Or, plus de quatre ans après l'invasion, les Américains voient que l'Irak, en proie à la violence, au communautarisme et à la corruption, est loin du modèle que M. Bush promettait pour le Proche-Orient, que la guerre a coûté la vie à plus de 3 700 des leurs et qu'elle a englouti des centaines de milliards de dollars. Environ 60% d'entre eux estiment que la guerre était une erreur ou ne valait pas la peine d'être livrée, ont indiqué des sondages en septembre. Selon une enquête pour la chaîne ABC News et le quotidien The Washington Post, 55% veulent voir les troupes de combat revenir au pays d'ici au printemps. En ne remplaçant pas les 30 000 soldats supplémentaires dépêchés en 2007, M. Bush ne ferait que ramener les effectifs à leur niveau de janvier quand il avait annoncé ce renfort. Lors de ses auditions au Congrès, où ses adversaires démocrates sont désormais majoritaires, le général Petraeus a assuré que le contingent continuerait à diminuer après juillet 2008, et que c'était prendre un engagement avant mars qui serait «prématuré». Conscients de l'influence de cet avis sur M. Bush, les démocrates se sont indignés des propos du général. La présidente de la chambre basse du Congrès a dit à M. Bush avoir «l'impression que le général Petraeus (présentait) un plan pour une présence américaine forte d'au moins dix ans en Irak». Elle a promis que les démocrates «se battraient» pour «sortir nos forces de combat de cette guerre civile». M. Bush pourrait lui objecter jeudi, comme il le fait depuis des mois, que tout retrait prématuré aurait des conséquences désastreuses, qu'Al-Qaîda établirait un «sanctuaire» en Irak, que l'Iran, préoccupation primordiale du président, serait renforcé et que les Etats-Unis seraient discrédités dans la région. Il devrait aussi admettre que si les progrès militaires sont suffisants pour réduire les effectifs, les progrès politiques ne le sont pas et que des réformes sont indispensables pour réconcilier les communautés et stabiliser le pays.