L'Irak revient à l'ordre du jour au Congrès US avec l'audition de l'ambassadeur américain à Baghdad et du chef d'état-major de l'armée américaine en Irak. Les auditions des principaux responsables américains en Irak offrent à la présidentiable l'occasion de prendre date sur ce dossier majeur de la campagne, avec des démocrates décidés à retirer des troupes et curieux de la définition du ´´succès´´ recherché par l'administration Bush. Promesse a été faite de ne pas ´´politiser´´ les auditions, mardi (hier), au Sénat, de l'ambassadeur Ryan Crocker et du général David Petraeus par les présidents démocrates des commissions compétentes. Mais c'est, bien sûr, le contraire qu'attend le tout Washington, sachant bien que les trois présidentiables assisteront aux auditions: le républicain John McCain est numéro deux de la commission des Forces armées, où siège également la démocrate, Hillary Clinton. Barack Obama, l'autre démocrate encore en lice, est membre de la commission des Affaires étrangères. Le président de la commission des Affaires étrangères, Joseph Biden, un secrétaire d'Etat potentiel en cas de victoire d'un démocrate en novembre, s'est d'ailleurs dit intrigué d'entendre M.McCain commenter les événements récents en Irak, notamment les affrontements de Bassorah entre l'armée régulière irakienne et l'armée du Mahdi du leader chiite, Moqtada Sadr. ´´J'adore l'idée que McCain doive expliquer ce qui se passe et pourquoi tout va si bien (à ses yeux)´´, a ironisé M.Biden lors d'une téléconférence. M.McCain est un fervent défenseur de la stratégie ayant conduit à envoyer des renforts en Irak l'année dernière. Il se refuse à fixer un terme à l'engagement américain, affirmant qu'il est nécessaire de rester jusqu'au ´´succès´´ de l'opération - à l'entendre, jusqu'à ce que l'Irak soit ´´stable, prospère, démocratique, non menaçant pour ses voisins et contribuant à la défaite des terroristes´´. Il est attaqué sans relâche par les démocrates pour avoir jugé envisageable de laisser en Irak des militaires durant une centaine d'années, de la même façon que les Etats-Unis gardent des bases en Allemagne ou en Corée. Il riposte en accablant M.Obama de son sarcasme, l'accusant de ne ´´rien connaître´´ à la Sécurité nationale, voire à l'Histoire. Barack Obama, qui s'était prononcé contre la guerre dès 2002, a promis, tout comme Hillary Clinton, de commencer au plus tôt à retirer des troupes, en liant le coût financier de la guerre à la crise économique. Mme Clinton a jugé que l'envoi de renforts avait échoué, et M.Obama a fait valoir que cette réorientation de la guerre, mise en oeuvre l'an dernier, ne constituait qu'un changement tactique, non stratégique, en l'absence de véritable plan de sortie. En tout état de cause, le consensus s'installe de plus en plus chez les démocrates sur le fait que, en dépit des majorités parlementaires conquises à l'automne 2006, ils resteront impuissants sur la conduite de la guerre tant qu'ils ne remporteront pas de nouvelles victoires électorales. ´´Tant que nous n'aurons pas une majorité suffisante au Sénat ou un changement de présidence, je ne m'attends pas à une amélioration significative de la situation en Irak´´, a déclaré vendredi le président démocrate de la commission des Forces armées du Sénat, Carl Levin. Un constat qui a de quoi inquiéter les démocrates, convaincus que ´´l'administration n'a aucune idée de ce qu'il faut faire´´, comme l'a dit M.Biden. ´´Elle prie pour que ça tienne sans exploser complètement, avant de transmettre (le bébé) au prochain´´ président, a ajouté M.Biden. Il est prévisible, en revanche, que le parti républicain du président Bush félicitera le général Petraeus pour le relatif déclin de violence enregistré ces dernières semaines, en reprochant aux démocrates de ´´nier la réalité´´.