Le pays globalement via ses institutions, administrations, entreprises publiques et privées, des hommes et des femmes du pouvoir, certaines organisations, associations… et autres, gravitant autour du système politique, se gargarisent des succès remportés dans tel ou tel domaine, des résultats atteints dans tel ou tel secteur… et autres fanfaronnades, au point de croire que notre avenir est radieux. Mais, détrompons-nous, tout ne semble pas aussi net, d'où l'interrogation se rapportant à la ou aux considérations que nous avons du drapeau national et des couleurs de celui-ci. On nous a bien annoncé vouloir doter des centaines de milliers de foyers d'un drapeau national, mais combien d'institutions de l'Etat ont-elles un drapeau digne de ce nom, à savoir non déchiré et dont les couleurs ne sont pas déteintes ? (susceptibles d'ailleurs d'être poursuivies en justice). Est-ce que tous les lieux, places, endroits publics devant avoir un drapeau national l'ont-ils effectivement ? Car, souvent, des drapeaux flottant au-dessus des entrées principales, voire officielles sont déchirés, déteints… Quand ils ne sont tout simplement pas enlevés et, malheureusement, pas remplacés. Au-delà de ce constat, il reste des énigmes à propos des couleurs nationales incroyablement étranges mais tout aussi incroyablement suspicieuses. Il y a une vingtaine d'années déjà, j'interrogeais sur cette propension des entreprises publiques et sociétés nationales à définir (ou faire définir), élaborer (ou faire élaborer), à adopter en tout cas des logos à couleurs “bleu, blanc, rouge”. Aujourd'hui encore, ce “label b.b.r.” est toujours en vigueur et il semble même devenu, pour certains, de rigueur (?). Voyez SNTA, Eniem… c'est flagrant. Il y a même une maison d'édition qui a adopté ces couleurs en les faisant siennes. Mais plus grave encore, même des véhicules (genre fourgon) de la Sûreté nationale en stationnement dans de grandes artères affichent allègrement leur sigle en bleu, blanc, rouge. Il y a aussi certains militaires à des barrages de contrôle dont le brassard est également en… bleu, blanc, rouge. Avec tout cela, et certainement plus encore, allons-nous reprocher à certains jeunes et parfois à des adultes mêmes de s'habiller en bleu, blanc, rouge ? Devons-nous incriminer des hommes de pouvoir, des représentants de l'Algérie, des élus et bien d'autres encore de porter costume, chemise, cravate respectivement, aux trois couleurs, bleu, blanc, rouge ? Allez savoir à quoi cela tient et pourquoi nous nous y attachons, ce que nous reproduisons et véhiculons pour enfin comprendre ce que nous voulons ardemment laisser en legs à la jeunesse et aux générations futures. Quelle signification donner au drapeau et aux couleurs nationales lorsque, déjà, les fêtes nationales n'ont plus de sens chez grand nombre de citoyens, ne retenant pas beaucoup l'attention de la population si ce n'est par simple habitude d'adhésion machinale, voire mécanisme d'entraînement dans un élan de groupe… mais, en tout cas, sans conviction et imprégnation (au sens sociologique et psychologique). Il y a, malheureusement, en beaucoup d'entre nous une sorte et une forme de désillusion, de désappointement et de désaffection au point où nous nous voyons (re)jetés dans l'anonymat évoluant dans un passéisme dramatique qui nous réduisent à l'état de zombies par un désenchantement préjudiciable, réduits à l'état d'errance sans reconnaissance. R. Z. (*) Rabah Zamoum est le fils unique de Mohamed Zamoum, dit colonel Si-Salah, ancien membre de l'Organisation spéciale et chef de la Wilaya IV historique.