L'organisation patronale regrette le fait que la politique publique donne la priorité à l'investissement étranger alors qu'elle devrait plutôt s'appuyer sur le recours aux investisseurs nationaux. M. Réda Hamiani, vice-président du FCE, accompagné des cadres du Forum, a rencontré, le mois de février dernier, le secrétaire général du CNES, accompagné de nombreux membres de la commission économique de cette institution. L'objet de cette rencontre, souhaitée par les membres du CNES, a été précisé comme étant d'écouter une association active du champ économique national sur la conjoncture économique de l'Algérie au cours de l'année 2002, lit-on dans la lettre n°21 du Forum des chefs d'entreprise. Aussi, les thèmes de la rencontre, selon la lettre du Forum, étaient centrés autour de l'analyse que fait le Forum sur la conjoncture économique, ainsi que l'exposé des principales préoccupations sur le fonctionnement actuel du système économique algérien. Dans son exposé, M. Hamiani estime que d'“importants problèmes continuent à handicaper le fonctionnement quotidien des entreprises, tels ceux liés au système financier ou au système de formation”. Les autorités économiques affichent de bonnes intentions, mais leurs politiques restent faibles en termes d'incitation à la croissance économique et aux réformes de l'économie algérienne, souligne M. Hamiani. La politique suivie en matière de parité de la monnaie nationale est incompréhensible pour les entreprises, affirme le vice-président du Forum. C'est que le glissement de cette parité est constant depuis les dix dernières années, en déconnexion de l'évolution des équilibres globaux de l'économie nationale. En outre, l'ouverture commerciale que les entreprises ont d'ailleurs toujours revendiquée est contestée dans ses formes actuelles. Pour M. Hamiani, cette ouverture devrait impliquer une concertation avec les producteurs et le maintien d'une protection suffisante pour permettre aux secteurs fragiles de se redéployer. De nombreux aspects importants du fonctionnement de l'économie sont ignorés par les pouvoirs publics, tels que ceux liés au code de commerce, au bail précaire, à l'encadrement des marchés agricoles, aux marchés informels qui prolifèrent, y compris dans le commerce de la devise, etc. Les marchés informels ont gangrené l'économie nationale. Et sur le terrain, les pouvoirs publics donnent l'impression de se sentir de moins en moins concernés, alors que de véritables zones économiques de non-droit se développent. Le FCE ne souhaite pas que l'Etat se retire de la sphère économique, il doit simplement réorienter son action dans les domaines qui sont les siens : infrastructures économiques et sociales, encadrement des activités économiques et commerciales, assainissement de l'environnement. L'expérience algérienne montre bien qu'il a rendu de mauvais services au pays en s'occupant de la gestion des entreprises. Le Forum des chefs d'entreprise regrette le fait que la politique publique donne la priorité à l'investissement étranger, alors qu'elle devrait plutôt s'appuyer sur le recours aux investisseurs nationaux. Concernant la privatisation des entreprises publiques, le Forum estime que cette question a été plutôt soulevée par les autorités. Elle n'a pas été revendiquée par les entrepreneurs privés. Pour le Forum, il s'agit simplement d'éviter les gaspillages de ressources rares et de veiller à ne pas utiliser l'argent du Trésor, qui est la propriété de tous, dans des assainissements répétitifs qui ont prouvé leur inefficacité. Quant à la position du FCE concernant la loi sur les hydrocarbures, l'organisation que dirige Omar Ramdane estime qu'elle était justifiée par la gravité du sujet. Le point de vue formulé par le Forum a simplement consisté à s'interroger sur l'empressement mis à réformer une loi qui donne de bons résultats alors que de nombreux autres domaines de réforme sont délaissés, précise le Forum dans sa dernière lettre. M. R.