Les forces antiémeutes de la police, déployées sur le terrain, s'étant interposées rapidement, la situation fut maîtrisée évitant ainsi toute éventuelle confrontation. Une cellule de crise s'étant aussi très vite constituée au niveau de la wilaya. Le calme est revenu hier au quartier de Mermed, où des velléités d'échauffourées ont été enregistrées vendredi matin. Celles-ci ont eu comme origine déclencheur la contestation, par une partie des habitants de ce quartier populeux et populaire, du tracé de reconstruction d'un mur d'enceinte d'un cimetière, détruit par la furie des eaux lors des dernières intempéries qui ont ravagé la merveilleuse vallée du M'zab. Les esprits s'étant plus ou moins échauffés, des jets de pierre ont commencé à fuser de toutes parts engendrant une dizaine de blessés légers. Les forces antiémeutes de la Police nationale, déployées sur le terrain, s'étant interposées rapidement, la situation fut maîtrisée évitant ainsi toute éventuelle confrontation. Une cellule de crise s'étant aussi très vite constituée au niveau de la wilaya, réunissant les représentants du quartier en question, les sages de la région et tous ceux à même d'aider à l'apaisement, a permis de dégager un consensus quant à la nécessité de trouver une solution à ce problème par la voie de la sagesse. En effet, une réflexion quant aux modalités de construction de ce mur sans pénaliser les contestataires est engagée, ainsi qu'une éventuelle proposition de dédommagement aux riverains du cimetière dans le cadre d'une éventuelle expropriation. De toutes les manières, et à la satisfaction générale, toutes les voies à même de régler cette affaire par la négociation restent ouvertes. Notre visite, le lendemain sur les lieux, à proximité du mur, objet de la discorde, nous avons pu constater de visu le calme et la sérénité qui y régnaient, et ce, malgré l'important dispositif de sécurité déployé dans le quartier de Mermed. Approchés pour nous donner leurs versions des faits, certains responsables, sous le sceau de l'anonymat, affirment que “cette affaire n'en est pas une, puisque déclenchée par des jets de pierres lancés par des adolescents sans en mesurer le risque qu'ils en encouraient”. Ce qui n'est pas tout à fait l'analyse faite par des habitants de ce quartier tels que M. Bahous pour qui “ces petites frictions, récurrentes par ailleurs, entre nos enfants, peuvent déraper et avoir des conséquences incalculables si les autorités locales ne prennent pas en charge les préoccupations des uns et des autres. Ce qui, à mon sens, a été bien compris par les responsables au vu de la célérité de leur déplacement sur les lieux et surtout de l'ouverture d'un débat franc et fructueux entre toutes les parties, seule et unique voie à même d'apporter des solutions pouvant être consensuelles et pérennes”. Aâmi Bakir B., septuagénaire bon pied bon œil, préconise, quant à lui, de “réveiller les consciences selon les préceptes de notre saint Coran, en commençant d'abord par se respecter mutuellement et privilégier la négociation face tout éventuel problème, qu'il soit d'ordre social, économique ou politique. La violence n'a jamais mené à une quelconque avancée. Nous n'avons qu'un seul et même pays, nous sommes donc condamnés à nous accepter les uns les autres, avec nos différences, nos qualités et nos défauts. Personne n'a jamais pu vivre en autarcie, nous avons, par conséquent, besoin les uns des autres”. Une dame d'un certain âge, passant à nos côtés et s'apercevant de notre qualité de journaliste, insiste pour donner son point de vue. “Vous savez, Monsieur, dit-elle dans un français parfait, je suis née et ai grandi dans ce quartier, je connais donc pratiquement toutes les familles qui y résident, du moins les anciennes familles. Je ne me souviens pas avoir vécu des problèmes qu'ils soient de voisinage ou communautaire. Nous avons toujours vécu en parfaite harmonie dans une cohabitation pacifique que nous ont légué nos parents et grands-parents. Regardez les enfants, ces enfants qui sortent ou vont à l'école, ce sont des enfants des deux communautés, qui dans leur innocence ne veulent pas être les victimes de la bêtise de certains adultes. Ils grandiront ensemble et ils continueront à se respecter et à s'associer dans la construction de leur pays commun”. Avant d'ajouter, en levant les bras au ciel, : “Mon Dieu, ne laissez des inconscients hypothéquer l'avenir de nos enfants innocents.” “Elle a entièrement raison. C'est la sagesse et la voix de la raison même qui sont sorties de la bouche de cette brave dame”, lâche un homme de passage, qui ne nous donne même pas le temps de lui demander son nom. L. K.