L'effet déclencheur de cette nouvelle journée de violence avec son lot de destructions et de blessés serait, semble-t-il, un jet de cocktail Molotov lancé sur une femme qui circulait dans le quartier de Lahouaouda, mitoyen du quartier de Baba-Saâd, et qui a failli être immolée vivante, n'était l'intervention diligente de jeunes de sa communauté. La réaction à “cette agression” a été immédiate mais rapidement contenue par les services de sécurité qui se sont déployés et interposés dans les quartiers à risque, évitant à leur corps défendant aux émeutiers de s'entretuer. Plusieurs interpellations ont été opérées et des blessés ont été enregistrés. Partout où nous sommes passés, ce n'est que maisons et magasins pillés, calcinés, éventrés et dépouillés de leur contenance. Des rues et ruelles, jonchées de pierres et d'objets hétéroclites, témoins de la violence des affrontements qu'elles ont vécues, des jeunes veulent absolument parler à la presse, dénonçant “la passivité des forces antiémeutes”, qui selon eux “regardent les pyromanes brûler nos biens sans intervenir, nous empêchant même de les défendre nous mêmes.” Le centre-ville n'a pas été épargné par les violences qui ont pratiquement détruit complètement des cafés et des magasins sur la placette Mazigot. Dans la rue de l'Indépendance, des unités des forces antiémeutes sont en position répliquant par des tirs de gaz lacrymogènes aux jets de pierres provenant des terrasses avoisinantes. À notre retour vers le siège de la daïra de Berriane, nous tombons sur une scène émouvante, où une femme traînant trois petits enfants et un mari grabataire en pleurs, hurle de tout son corps qu'on vient de la jeter dehors de chez elle et qu'ils ont tout incendié devant ses yeux, au quartier du 5 Juillet. “Je suis Algérienne et j'ai droit avec ma famille à la protection. Je ne sortirai pas d'ici” puis, comme se rappelant son drame elle lâche “d'ailleurs, même si je sors d'ici, je n'ai pas où aller, nous avons tout perdu dans l'incendie de notre misérable demeure qui nous servait de cache-misère à mes enfants et à moi.” Par ailleurs, le ministre délégué chargé des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, s'est rendu hier après-midi à Ghardaïa pour s'enquérir des efforts déployés en vue de rétablir le calme à Berriane. M. Ould Kablia, sitôt arrivé, s'est réuni avec les membres de la commission chargée de la sécurité de la wilaya avant de rencontrer des notables de la région. L. Kachemad