Les données officielles américaines font état de la suppression récente de 240 000 emplois. Le mot d'ordre semble devenu, un peu partout chez les employeurs, dans la plupart des pays développés, “mettre en vacances, avant de licencier”. C'est, en tout cas, ce qui ressort de la plupart des analyses d'experts, réputés sérieux. Ils soulignent pour argumenter, la baisse d'activité de toutes les entreprises dans le monde. La mise en veilleuse de certains sites industriels ne suffira pas pour endiguer la vague de licenciements qui devrait s'amplifier dans les six prochains mois. En France, malgré une population vieillie, le chômage reprend nettement à la hausse, alors que l'essentiel des recrutements se font en CDD. Sur l'ensemble des 220 millions de salariés européens, 108 millions se retrouvent déjà en situation précaire, selon le Monde de l'économie daté du 4 novembre 2008, alors qu'un quart des effectifs de l'industrie européenne est constitué d'intérimaires. Même en ajoutant à ce tableau peu reluisant que 80 millions des travailleurs européens sont peu qualifiés et 30 millions considérés comme travailleurs pauvres, et la question ne sera pas circonscrite. En effet, les experts, complètement déboussolés, ou pour le moins peu sûrs de leur fait, n'arrivent plus désormais à réaliser des prévisions fiables. Même si Stéphane Scarpella, de la division emploi de l'OCDE avance (toujours dans le Monde) que “la hausse du chômage va surtout toucher les seniors de plus de 55 ans alors que les plus jeunes (-25 ans) seront de moins en moins recrutés”. Bernard Gazier professeur à Paris I Panthéon-Sorbonne, estime que “nous avons devant nous une crise majeure”, ajoutant que “le marché du travail, d'une façon générale, réagit avec un temps de latence de six mois”. Même si les entreprises réagissent en fonction des carnets de commandes, et que, dès qu'ils commencent à baisser, elles se mettent à réduire les heures supplémentaires d'abord, avant de recourir au chômage partiel. C'est ce que le n°1 mondial de l'acier, Arcelor-Mittal Steel vient de faire, en annonçant dès le 30 octobre, l'arrêt, pour 2 trimestres, des hauts fourneaux situés dans une douzaine de sites industriels européens, faute de commandes en provenance des constructeurs automobiles. Si l'activité en Allemagne se maintient apparemment avec une baisse de 26 000 sans- emplois recensés début novembre, le chômage s'est stabilisé à 7,5%, son taux le plus bas depuis 16 ans. Mais peu de raisons de pavoiser toutefois, puisque le risque de voir s'installer le chômage avec la baisse de l'activité dans le secteur automobile. L'agence allemande de l'emploi craint une croissance de 30 000 chômeurs par mois, jusqu'en 2009, lorsque le taux de chômage atteindra 9%. Les pays les plus touchés de l'UE sont l'Espagne (11%), suivie de la Slovaquie (10%) de chômage, alors que les moins touchés sont les Pays-Bas (2,5%) et le Danemark (2,9%) de taux de chômage. Les USA viennent de perdre, selon une dépêche d'agence datée du 7 novembre, 240 000 emplois, pour atteindre 6,5% de taux de chômage, son niveau le plus inquiétant depuis 1994. À lui seul, Ford vient de supprimer 10% de ses effectifs. Les pays émergents ne sont pas en reste, puisque des entrepreneurs chinois s'enfuient, en catimini, “oubliant” de payer plusieurs mois de salaires à leurs employés français. Quant à l'Inde, les secteurs les plus touchés, selon certains analystes, seront les banques, l'immobilier et l'informatique. Si en Inde, l'emploi informel ne sera pas menacé, selon les mêmes experts, tout le contraire de l'Europe, car les spécialistes pensent que le secteur informel dépend étroitement de la prospérité globale. Une note inquiétante de la part l'analyste JP Morgan Chase qui avoue que “nous avons dû réviser à la baisse les prévisions de croissance dans les pays développés (…). Nous annoncerons dans les prochaines semaines des révisions à la baisse dans les économies émergentes”. Synthèse de Djamel Zidane