A Djelfa, la culture de l'immobilier est à un stade embryonnaire. En effet, l'absence de promoteurs immobiliers dignes de ce nom, le problème du foncier, la composante à majorité rurale de la région et la persistance du caractère tribal de la société sont autant de facteurs qui empêchent le développement du marché du logement. De plus, si les agences immobilières tentent tant bien que mal de s'implanter dans le chef-lieu de wilaya où l'on en compte une bonne dizaine et l'éclosion timide de ces structures dans les grandes agglomérations qui connaissent une relative concentration de la population, il n'en demeure pas moins que la majeure partie des transactions s'effectuent à l'aide de connaissances ou par l'entremise de personnes intermédiaires. Bien entendu, cette façon de faire élude le plus souvent les procédures légales et fait fi des lois en vigueur dans ce domaine. Un petit tour chez quelques opérateurs immobiliers à travers les grandes agglomérations nous renseigne on ne peut mieux sur la situation. En effet, les tarifs appliqués sont loin de ceux en vogue dans les grandes villes du Nord et feraient même rire les locataires et les propriétaires d'agences immobilières des grandes métropoles même si les prix des logements ont pris une ascension vertigineuse ces dernières années. A titre indicatif, à Aïn Oussera, deuxième grande agglomération après celle du chef-lieu de wilaya, un appartement de type F3 cédé, il y a quelques années, à 400 000 DA atteint des plafonds inouïs et tournerait au-delà des 1000 000 DA selon l'état du logement, l'endroit et le voisinage. Phénomène inexpliqué, nous entendons le même son de cloche du côté du chef-lieu de wilaya. Un appartement de même type à la cité du 5 Juillet, à Djelfa Djedida par exemple se vendrait à 1 200 000 dinars, le pas-de-porte bien sûr. Quant à la location, cette pratique se fait de plus en plus rare, mais les loyers ont été revus à la hausse depuis un certain temps déjà. Ainsi, loin est le temps où l'on pouvait louer un appartement à 3 000 dinars. Devant la crise latente de logement, ce tarif a bizarrement doublé en moins de deux années. Encore faut-il passer l'écueil des douze mois d'avance souvent exigés. Cependant, la région attirant peu de monde, ces prix sont loin de rivaliser avec ceux appliqués dans d'autres wilayas du pays. Un appartement de type F3 se louerait à 10 000 dinars à Tiaret, plus de 15 000 à Médéa et 25 000 dinars à Sétif, alors que la location d'un F2 coûterait 15 000 à Bordj El Bahri ou à Ben Aknoun sur les hauteurs d'Alger. L.N, propriétaire de l'agence immobilière Imane au cœur de la capitale des Hauts-Plateaux, explique le blocage que connaît le marché de l'immobilier à Djelfa par “la faiblesse relative de l'offre et la concurrence déloyale des courtiers qui ne facilitent pas la tâche en estimant les logements au rabais et en jouant sur les marges bénéficiaires”.Son collègue B.F qui tient l'agence Al Waâda à Aïn Oussera, dit que “les gens ici sont oisifs et se passent de l'agence parce que c'est une prestation de service nouvelle”, et d'ajouter pour corroborer notre thèse, “on commence tout juste à être sollicités”. S. OUAHMED