L'urbanisation n'a jamais connu un tel essor et il n'y a jamais eu autant de bulldozers, de grues et de bétonnières en activité. L'Algérie est aujourd'hui un vaste chantier de construction: logement social, habitat économique, haut standing, etc. Le nombre d'autorisations de construction concernant les grands projets accordées par l'Etat est en pleine hausse. Elles concernent entre autres la réalisation du million de logements. A cela s'ajoutent également les petits projets initiés par les promoteurs immobiliers. Le secteur de l'immobilier se trouve ainsi boosté par les différents programmes immobiliers d'habitat économique et social pilotés par le ministère de l'Habitat. Mais aussi par les promoteurs privés. Les lignes de crédit, mises en place par les organismes financiers, à des taux attractifs et à grands renforts de publicité ne manquent pas aussi de séduire bon nombre de consommateurs. Le développement de l'immobilier va de pair avec le développement économique de la ville. Néanmoins pour les observateurs, «la particularité qui caractérise ce marché est la multiplicité de petits opérateurs et promoteurs immobiliers de tout bord. Ils sont médecins, commerçants, pharmaciens ou exerçant d'autres professions libérales qui investissent dans l'immobilier» déplorant du coup que le développement de l'immobilier se fait dans le désordre en dépit des efforts fournis par l'administration pour organiser le secteur. En outre, le manque de professionnalisme, l'absence de données réelles sur le nombre de logements vendus et d'invendus, caractérisent ce marché. A ceci s'ajoute la spéculation de personnes n'ayant aucun rapport avec la profession et qui plongent le secteur dans le désordre. Cet état de fait est attribué par les spécialistes à l'émergence de nombreux petits promoteurs en raison de l'exode rural. Ces nouveaux arrivants commencent souvent comme maçons et forts de leur expérience dans le domaine, ils intègrent facilement la promotion immobilière et deviennent du jour au lendemain promoteurs. Ne tenant aucune comptabilité et ne payant pas d'impôts, ces petites unités concurrencent les entreprises structurées, entraînant du coup l'effritement des marges. Au manque de professionnalisme de certains promoteurs s'ajoutent l'informel et la malfaçon qui minent le secteur. Dire que le secteur est miné par la prolifération de clandestins est une lapalissade. Il suffit de faire une virée dans les banlieues pour voir le nombre de promoteurs exerçant sans autorisation ni savoir-faire. Indifférent aux normes environnementales et d'aménagements d'annexes essentielles à la qualité de la vie, nombre de promoteurs construisent dans tous les sens, sur la moindre parcelle d'espace vert. Certes, ces infractions, dépassements et déviations dans l'exécution de certains projets restent limités. Et cela se produit le plus souvent en l'absence d'un contrôle rigoureux. Certes, «on est loin de la situation vécue il y a de cela une décennie où des lotissements clandestins et des quartiers entiers poussent du jour au lendemain comme des champignons». D'ailleurs, le nouveau plan d'urbanisme a pour but de moraliser la profession et de mettre fin à une anarchie qui l'a minée pendant longtemps. Toutefois, il est à craindre que la promotion immobilière atteigne vite ses limites de croissance en raison notamment du déficit au niveau du foncier. Cela commence à se traduire d'ores et déjà par l'augmentation du prix du logement. Le secteur de l'immobilier s'est vu ainsi dans l'obligation d'investir une importante partie des terrains agricoles, notamment les terrains se trouvant à l'intérieur du périmètre urbain ou à la périphérie des villes, cela au détriment de l'autosuffisance alimentaire.