L'Egypte a réclamé hier de la Cour pénale internationale (CPI) un délai d'un an avant de lancer d'éventuelles poursuites contre le président soudanais Omar El-Bachir pour crimes de guerre au Darfour, dans l'ouest du Soudan, alors que des tentatives de règlement sont en cours. Cité par l'agence de presse égyptienne Mena, le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a fait cette déclaration au lendemain d'une rare visite du chef de l'Etat égyptien Hosni Moubarak au Soudan, où il a discuté du conflit au Darfour avec M. Bachir. Il a cité une clause du statut de Rome de la CPI selon laquelle les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU peuvent voter une résolution pour différer de 12 mois renouvelables toute enquête ou poursuites initiées par la CPI. "Durant cette période (d'un an), nous pourrions, avec des efforts égyptiens, africains et internationaux, réaliser la réconciliation au Soudan", a affirmé M. Aboul Gheit. "Nous pensons qu'il est inacceptable d'accuser le leader d'une nation, alors que celle-ci traverse une situation extrêmement difficile, et le problème du Darfour est très compliqué", a-t-il ajouté. L'Union africaine (UA) et la Ligue arabe ont demandé au Conseil de sécurité de différer toute décision de la CPI, dans l'espoir que M. Bachir dispose de temps pour instaurer un cessez-le-feu au Darfour, une province en guerre civile depuis 2003. Les juges de la CPI examinent actuellement les preuves présentées en juillet par le procureur, Luis Moreno-Ocampo, pour décider s'ils vont émettre un mandat d'arrêt international contre le président Bachir. M. Moreno-Ocampo a accusé M. Bachir de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, où le conflit a fait jusqu'à 300 000 morts depuis 2003, selon l'ONU, 10 000 selon Khartoum. Le Qatar veut accueillir, à une date qui n'a pas encore été fixée, des pourparlers de réconciliation, mais l'un des principaux groupes rebelles du Darfour, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), a dit qu'il les boycotterait. R. I./Agences