Tizi Ouzou se dépeuple. Le dernier Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH 2008) affiche une courbe qui évolue linéairement en matière démographique. Il donne une population globale qui passe, en dix ans, de 1 108 709 habitants à 1 119 646 habitants, soit une évolution de 10 937 habitants. Ce qui donne un taux d'accroissement démographique de 0,10 pour mille, soit le plus faible à l'échelle nationale mais aussi au niveau mondial. Le taux national moyen est 16 fois supérieur à celui de la wilaya de Tizi Ouzou. L'évolution quantitative de la population marque une tendance à la baisse du taux d'accroissement démographique en net recul au fil des années. Les quatre recensements décennaux entamés en 1977 montrent des taux intercensitaires dérisoires, puisqu'ils sont de l'ordre de 2,93 pour mille en 1987, 1,54 pour mille en 1998 et 0,10 pour mille en 2008. Un record. Cette évolution presque linéaire de la population s'explique par des raisons objectives : le recul de l'âge du mariage, la dénatalité, le chômage, la crise du logement, l'émigration intérieure et extérieure. L'une des conséquences de cette “décroissance” démographique est la fermeture de pas moins de 43 écoles primaires au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. La tendance baissière ne s'arrêtera pas dans les années à venir, selon des études prospectives. Conséquemment à cette baisse vertigineuse du taux de croissance démographique, il en résulte que sur un parc de 273 241 logements, 184 285 sont occupés, soit le taux le plus faible à l'échelle nationale avec 67,40%. Le nombre de logements à caractère privé (villas et autres) inoccupés est de 88 956. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la demande en logements reste forte, soit 80 000 logements, bien que l'auto-construction constitue une tradition bien établie en Kabylie grâce à l'apport de l'émigration. Si la demande en logements est inversement proportionnelle au taux de croissance démographique, c'est que Tizi Ouzou a été lésée dans la politique de l'habitat initiée par les pouvoirs publics. C'est à ce constat que sont arrivés les membres des commissions aménagement du territoire, développement local et tourisme et sociale et santé de l'APW de Tizi Ouzou. Dimanche dernier, cette problématique de l'habitat a été décortiquée en session ordinaire, sous la présidence de M. Ikherbane. Selon le rapport présenté en plénière par M. Aoudj, président de la commission de l'aménagement du territoire, les programmes de logements, tous segments confondus, font état de 48 278 logements inscrits, dont 29 522 au titre du programme quinquennal et complémentaire. Ils sont dispatchés selon les formules existantes : 29 820 aides à l'habitat rural, 9 602 logements sociaux locatifs (LSL), 6 814 LSP, 2 024 location-vente (AADL). Tous ces programmes connaissent des retards importants dans la réalisation. Les raisons invoquées sont la faiblesse de l'outil de réalisation, la fluctuation des prix des matériaux de construction, la rareté du foncier et les contraintes morphologiques et topographiques des terrains disponibles. A ce propos, les élus recommandent l'organisation d'un séminaire sur la redynamisation de l'outil de réalisation dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le point de situation sur les instruments d'urbanisme fait état de la dotation des 67 communes de PDAU (Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme). 39 sont en révision. Ces instruments ont programmé 594 POS (Plan d'occupation du sol) avec une superficie urbanisable de 16 592,80 ha. Les deux commissions recommandent de lancer une nouvelle étude du PATW (Plan d'aménagement du territoire de la wilaya) qui est un outil d'orientation et de prospective territoriale en référence au SNAT et SRAT 2025. Le wali de Tizi Ouzou s'est dit “satisfait” du travail des commissions. “J'adhère totalement aux recommandations, il faut sortir de l'improvisation si l'on veut préserver le peu de foncier qui reste dans notre wilaya”, a déclaré M. Mazouz, qui a annoncé une cagnotte de 3 100 milliards de centimes pour l'aménagement urbain et autres VRD. Yahia Arkat