Pour rassurer le syndicat et les travailleurs, il soutient que les effectifs seront maintenus et qu'il n'y aura pas de licenciement. Après moult négociations et tergiversations, l'accord portant sur la mise en place d'un partenariat entre les ports d'Algérie et l'émirati DP World a finalement vu le jour avant-hier à la grande surprise du partenaire social qui semble avoir reçu la nouvelle comme un coup de massue. En effet, pendant que le président-directeur général du port d'Alger, que nous avons rencontré hier, défend les bienfaits de cette collaboration, le conseil syndical de l'entreprise rue dans les brancards dénonçant “une atteinte à la souveraineté nationale”. Si les négociations entre les parties algérienne et émiratie sur ce dossier remontent à 2005, ce n'est que cette semaine que les accords ont pu être signés. Ces deux accords ont été paraphés entre le président du groupe DP World, M. Ahmed Ben Salem, et respectivement M. Abdelhak Bourouai, président-directeur général de l'Entreprise du port d'Alger, et M. Mohamed Atman, directeur général du port de Djendjen, en présence du ministre des Transports, M. Amar Tou. En vertu de ces accords, le groupe DP World bénéficiera, à parts égales avec chacune des deux entreprises algériennes, d'une concession de la gestion pour ces deux ports, et ce, pour une durée de 30 années. Pour le patron du port de la capitale, M. Bourouai, l'Algérie ne pouvait se permettre le luxe de rester en marge du développement que connaissent les enceintes portuaires à travers la région, notamment au Maroc et en Tunisie. “L'Algérie a un besoin urgent d'un port de transbordement, comme sont en train de le faire ses voisins. Notre choix pour cela s'est porté sur le port de Djendjen. Notre partenariat avec les Emiratis concerne, pour ce qui est du port d'Alger, le terminal à conteneurs”, explique-t-il. Mais quelle plus-value va ramener DP World ? “Les ports du monde fonctionnent en réseau et nous, nous sommes en dehors de cette sphère. L'arrivée du partenaire émirati sera bénéfique à plus d'un titre. Elle va ramener plus de trafic et un savoir-faire en la matière puisqu'il s'agit tout de même du 3e opérateur dans le monde. Il va, également, nous aider à réduire les surcoûts grâce à son expérience dans le domaine”, réplique M. Bourouai. Il déclare, par ailleurs, ne pas comprendre la réaction du partenaire social, puisque, d'après lui, “il n'y a pas de volet social dans les accords qui ont été signés”. Pour rassurer le syndicat et les travailleurs, il soutient que les effectifs seront maintenus et donc il n'y aura pas de licenciement. “Au contraire, il y aura des recrutements et les salaires des travailleurs ne seront pas touchés. De plus, le personnel encadreur des deux entreprises sera algérianisé au fur et à mesure”, assure-t-il. Interrogé sur le reproche fait par le syndicat à la direction du port de n'avoir pas été associé à la démarche, M. Bourouai justifie cela par des raisons de confidentialité liées au processus de négociation, néanmoins, précise-t-il, “le partenaire social a toujours été informé à chaque fois qu'il y a une évolution dans le dossier”. Quant aux investissements qui seront consentis dans le cadre de ce partenariat, les deux parties le feront à partie égale, c'est-à-dire quelque 50 millions d'euros pour chacune. Les 100 millions d'euros seront consacrés, selon notre interlocuteur, à la superstructure des deux ports et à leur équipement en matériel de manutention et de levage. Le terminal à conteneurs du port d'Alger reste la seule réalisation de l'entreprise depuis l'indépendance du pays et sa surface sera portée de 12 à 20 ha. Hamid Saïdani