Après avoir décidé d'annuler unilatéralement le mouvement de protestation envisagé par la coordination des ports, le secrétaire général de la centrale aurait convaincu le ministre des Transports de cesser les poursuites judiciaires. L'action en justice intentée par le ministère des Transports à l'encontre des syndicalistes de la Coordination des ports d'Algérie a été annulée, hier, et le juge qui a eu à traiter l'affaire en référé a décidé de suspendre les poursuites. Et pour cause, la partie plaignante a procédé, hier matin lors de la séance qui s'est déroulée à la cour d'Alger, au retrait de la plainte déposée à la suite de l'annonce par la Coordination des syndicats des ports d'un mouvement de grève de deux jours, les 24 et 25 novembre en cours. Le ministère avait diffusé avant-hier un communiqué dans lequel il annonçait la décision “de retrait de l'action introduite en justice, tant au niveau central qu'au niveau des entreprises portuaires et ce, suite à l'annulation du mot d'ordre appelant à deux jours de protestation lancé par la Coordination syndicale des ports”. La coordination, par le biais de son action, comptait protester contre le partenariat signé récemment entre les directions des ports d'Alger et de Djen Djen et l'opérateur émirati DP World. L'accord portait sur la création de deux sociétés mixtes, l'une pour la gestion du Terminal à conteneurs du port d'Alger, et l'autre, pour la mise en place d'un port de transbordement à Djen Djen. De sources bien informées, le secrétaire général de l'UGTA, M. Abdelmadjid Sidi-Saïd serait intervenu personnellement auprès du ministère des Transports pour faire cesser l'action en référé intentée contre le syndicat. Et d'ailleurs, c'est le patron de la centrale lui-même, d'après les mêmes sources, qui aurait pris la décision unilatérale d'annuler le mouvement de protestation envisagé par la Coordination des 10 ports commerciaux du pays. Le coordinateur national, M. Ghomri, a exprimé, hier, son soulagement de voir ce dossier clos. “Nous avons une totale confiance en la Centrale syndicale et le secrétaire général M. Sidi-Saïd. Il nous a promis de prendre en charge les préoccupations des travailleurs. Ce qui nous intéresse, c'est autant le devenir des travailleurs des sociétés concernées que le partenariat conclu avec les ?miratis”, nous a-t-il affirmé. Selon toute vraisemblance, le syndicat commence à tempérer ses positions suite aux pressions exercées par le biais de l'appareil judiciaire. Les propos du coordinateur national des syndicats des ports tranchent, en effet, fondamentalement avec les déclarations tenues avant cette évolution de la situation. Interrogé sur les perspectives qui s'offrent à la coordination après ce dénouement, M. Ghomri indique que maintenant c'est à la direction de l'UGTA de s'occuper du dossier puisque M. Sidi-Saïd a promis, selon lui, de prendre en charge les revendications des travailleurs des unités et de les poser au niveau du gouvernement. Ce que souhaite la coordination, note M. Ghomri, c'est que le partenaire social soit associé au processus et aux négociations en cours. Ce qui n'a pas été le cas jusqu'ici puisque le syndicat avait justement dénoncé, après la signature de l'accord avec les ?miratis, le fait que les représentants des travailleurs ont été complètement écartés des négociations en question. Si du côté de la Coordination nationale des ports, le ton reste mesuré, chez les syndicalistes du port d'Alger on se dit prêt à rebondir dès les prochains jours. De sources proches du Conseil syndical du port d'Alger, on apprend, en effet, que les travailleurs ont décidé de ne pas se laisser faire par ce qui vient de se passer. Pour eux, la protestation ne cessera que le jour où le partenariat avec les ?miratis sera annulé. H. Saïdani