À moins d'avoir une famille à Mostaganem ou dans sa proche banlieue, c'est le calvaire au quotidien de nombreux étudiants, bien que volontaires et entreprenants à souhait. De Blida, Tizi Ouzou, Tamanrasset, Illizi, Médéa, Adrar, Saïda, Chlef ou Relizane… une trentaine de wilayas d'où viennent les étudiants de l'Ecole régionale des beaux-arts de Mostaganem qui ne répond pas, à dire vrai, à son intitulé officiel d'établissement régional ! Et pour cause ! Depuis son ouverture en 1987, l'école ne dispose pas encore d'internat et c'est à une véritable aventure que se livrent les étudiants artistes désirant la fréquenter. La préoccupation récurrente qui ressurgit à chaque rentrée scolaire est particulièrement cruciale pour la gent féminine. Fort heureusement, malgré ses contraintes notoires en la matière, l'administration des résidences universitaires fait preuve d'une salutaire coopération en prenant en charge l'hébergement de cette frange estudiantine. Pour les garçons, il n'y a guère d'alternative à la débrouille. À moins d'avoir une famille à Mostaganem ou dans sa proche banlieue, c'est le calvaire pour de nombreux étudiants, bien que volontaires et entreprenants à souhait. Jusqu'à la fin des années 1990, c'était auprès de l'ancien Institut d'agronomie (ITA) qu'ils trouvaient refuge parmi les élèves-ingénieurs, au niveau de la résidence des 2 200 lits, devenue de nos jours résidence U pour filles. Mais depuis l'annexion de ce prestigieux établissement du ministère de l'Agriculture par celui de l'Enseignement supérieur, c'est le calvaire quotidien pour ces dizaines d'artistes en formation. À chaque rentrée scolaire, ils sont ballottés entre lointaine connaissance résidant à Mostaganem, hammam, rue et cité universitaire, évidemment clandestinement investie ! Pendant ce temps d'errance et de nomadisme, la direction de l'école reprend sa série de correspondances implorant le bon vouloir des responsables des cités U. Récemment, le directeur de l'école a reposé le problème à la wali lors de la célébration de la Journée nationale de l'artisanat. N'ayant apparemment pas compris que la sollicitation se rapportait à une contribution en vue d'une ultime solution provisoire au titre de l'année scolaire qui commence, la wali se projeta derechef dans le futur, en annonçant la division en lots distincts du projet de réalisation de la nouvelle école régionale des beaux-arts de la Salamandre, dont le lot “structure d'hébergement” sera lancé, incessamment et en priorité absolue. Dans l'attente de l'hypothétique “placement officiel”, les “pauvres” élèves artistes auront passé une bonne partie de l'automne, voire de l'hiver, si ce n'est l'année scolaire entière, à jouer, chaque soir, aux voleurs et aux gendarmes avec les gardiens des cités U, déterminés à les dénicher des fins fonds des chambres des amis hôtes ! Ainsi s'explique l'abandon, subitement décidé à n'importe quelle étape du cursus normalement quadriennal. Un abandon qui, intervenant parfois au début de la scolarité, se traduit par la privation de moult autres artistes en herbe de parfaire leurs dons par un diplôme leur permettant l'insertion dans un créneau d'emploi. Cette année, vu la saturation des résidences universitaires, la situation est des plus angoissantes. La lueur d'espoir que pourrait provoquer la réalisation de la future nouvelle école dotée d'un internat demeure lointaine ; le projet est encore au stade de la mise en place des chantiers. M. O. T.