Dans les années 1980, ce n'était encore qu'un petit bourg qu'on traversait, sans y prêter la moindre attention, pour se rendre à l'est de la capitale. En l'espace de quelques années, de somptueuses constructions garnissent l'artère principale donnant, comme au temps de la ruée vers l'or, naissance à une ville sortie du néant. La décennie noire, où l'Etat avait des préoccupations majeures, sera mise à profit par des centaines de familles fuyant le terrorisme et beaucoup d'opportunistes à la recherche du gain facile ouvrant commerces et affaires. Et le jour où les autorités commencent à se manifester, il est déjà trop tard pour demander quoi à qui. Entre-temps, les occupants des lieux ont fait chacun dans la débrouille pour assurer le quotidien mais sans observer les règles élémentaires d'urbanisme. Pour les autorités locales, il n'était donc pas évident de fouiner dans une situation sans risque de provoquer des dérapages, d'où un compromis qui ne dit pas son nom. Ainsi, les choses ont atteint un niveau incontrôlable rendant la mission des pouvoirs publics quasi impossible devant l'anarchie qui s'est solidement installée. Aujourd'hui, El-Hamiz, avec ses bâtisses sans goût, ses commerces attirant une clientèle peu regardante sur la qualité, reçoit des milliers de visiteurs par jour ; beaucoup plus que toute la daïra de Dar El-Beïda dont il dépend, lui à qui on ne reconnaît même pas le statut de commune. Pis, la vie de ses habitants n'est guère de tout repos. Aucun aménagement urbain, même si les constructions ont été érigées pour la majorité sans permis de construire. Les trottoirs se confondent avec la chaussée où la circulation est un calvaire. À l'intérieur des lotissements, les rues n'ont jamais bénéficié de la moindre couche d'asphalte. En été, la poussière soulevée par le vent rend l'atmosphère irrespirable, tandis que l'hiver transforme le décor en un véritable bourbier. Y passer n'est pas sans être confronté à rude épreuve. On peut d'ailleurs aisément deviner le cas de ces écoliers faisant l'impitoyable navette ou ces travailleurs matinaux pressés de rattraper le premier bus de la journée. El-Hamiz, c'est aussi le taux d'occupation par classe le plus élevé de la capitale. Pour les lycéens, il faut se rendre à Bab Ezzouar car leur lycée n'est pas près de voir le jour. Tout comme pour les infrastructures sportives en dehors du terrain de football. Pas d'aires de jeux ni d'espaces verts. À défaut de ramassage régulier des déchets ménagers, une grosse décharge s'est formée attirant rongeurs et toutes bestioles nuisibles. El-Hamiz, c'est tout cela. Ses habitants ne comprennent toujours pas pourquoi les autorités les ignorent. Pourtant, à l'approche de chaque échéance électorale, les mêmes rengaines prometteuses reviennent. A. F.