L'intrigant rapt des touristes devrait connaître son épilogue très prochainement. Usant de termes à peine voilés, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères allemand, qui a annoncé la visite du secrétaire des Affaires étrangères allemand à Bamako, a déclaré que les entretiens entre ce dernier et le président malien ont été exclusivement consacrés au sort des 15 touristes, enlevés en Algérie depuis février dernier. En effet, le secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères allemand, M.Juergen Chrobog, a rencontré mardi soir le président malien Amadou Toumani Touré. Il s'est également entretenu avec d'autres dirigeants maliens, a ajouté la porte-parole, sans préciser lesquels. Elle s'est aussi refusée à tout commentaire sur le sort des otages, se contentant d'indiquer que le gouvernement allemand poursuivait «évidemment» ses efforts en vue de leur libération. Le gouvernement allemand observe, depuis le début, le plus grand mutisme sur cette affaire. Un mutisme qui en dit long sur l'intérêt qu'ils portent à la discrétion autour des négociations avec les ravisseurs, visiblement affectés par l'opération menée par les forces de sécurité et qui a abouti à la libération de 17 otages après trois mois de recherches. En effet, des sources concordantes ont confirmé l'existence de tractations avec les ravisseurs sur le territoire algérien en dépit de la disposition de l'armée à intervenir pour libérer les otages. D'ailleurs, Juergen Chrobog s'était déjà rendu en Algérie pour des entretiens consacrés aux 15 otages (dix Allemands, quatre Suisse et un Néerlandais). Il est à rappeler, à ce propos, que la déclaration du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika à Vienne, au début de l'été était une confirmation explicite de l'existence de négociations. «Je suis prêt à accorder une issue de sortie aux ravisseurs», a indiqué M.Bouteflika. Le transfert des otages sans dégâts en est-il une? Aucune source n'a eu à confirmer cette thèse. Toutefois, il était clair pour beaucoup de spécialistes que les ravisseurs aussi bien que le gouvernement suisse appréhendaient une autre intervention de l'armée. Le Mali à qui l'armée algérienne avait longtemps reproché sa passivité dans la lutte anti-terroriste, constitue une issue salutaire pour les ravisseurs. Pas tout à fait pour certaines de nos sources qui indiquent que des tribus touareg du nord du Mali n'apprécient pas la présence des ravisseurs et de leurs otages dans la région déjà mal remise d'une longue période de rébellion. D'autant plus que cela compromettrait leur commerce, basé essentiellement sur la contrebande. Certains chefs de tribu n'auraient pas manqué de mettre en garde le groupe des ravisseurs contre tout acte irresponsable sur le territoire du nord du Mali. Cette mise en garde est la deuxième de la part des Touareg après celle d'Akhamokh chef des tribus touareg en Algérie, qui a appelé les tribus à se mobiliser contre le phénomène terroriste qui tente de s'implanter dans la région après les coups portés contre lui au Nord. En outre, des sources algériennes ont donné plus d'affirmations aux déclarations voilées de la porte-parole des Affaires étrangères allemandes, en indiquant que des émissaires, qui connaissent très bien la région, devraient aller sur le terrain pour renouer le contact avec les ravisseurs et faciliter la libération des otages. Depuis l'annonce du déplacement des otages au nord du Mali, les forces de sécurité maliennes ont été mises en «état d'alerte», dans le cadre de la prise d'otages de quinze Européens détenus depuis plusieurs mois dans le Sahara algérien, a-t-on appris dimanche dernier de source militaire. «Après un renfort, nous avons reçu des instructions pour être prêts dans tous les cas de figure», a déclaré une source militaire. Cette mesure exceptionnelle témoigne de la véracité de l'information donnée par L'Expression et qui fait état de la présence des ravisseurs avec leurs otages en territoire malien. Des sources sécuritaires indiquent, de leur côté, que le problème sera réglé avec la collaboration des trois pays concernés par cette affaire: l'Algérie, le Mali et l'Allemagne.