Chaque lundi, des charlatans investissent le souk hebdomadaire de Bordj Bou-Arréridj pour se faire de l'argent sur le dos des citoyens que la maladie et la pauvreté rendent crédules. Les spécialistes de la santé crient haro sur les charlatans. Les problèmes graves qui résultent de l'intervention de ces derniers ne sont pas des moindres. Et pourtant, que de Bordjis continuent à leur faire confiance au détriment de leur santé. Assis à même le sol ou debout devant des étals de potions, de petites bouteilles pleines de liquide jaunâtre, d'insectes, de quelques animaux morts, de vieux livres… ces charlatans passent le temps que durera le souk à vanter les mérites de leurs “médicaments”. Des médicaments, à en croire leurs vendeurs, qui guérissent toutes les maladies et tout de suite. Ainsi, pour 200 DA, on pourrait soigner un ulcère ou des hémorroïdes. Pour 300 DA, on peut arrêter de fumer et soigner sa tuberculose. À l'entrée du marché, un autre guérisseur, un ressortissant africain, assis sur un petit tapis en plastique et adossé au mur, fait les plus belles affaires au souk. Il est là même après le marché. L'après-midi est réservé aux femmes qui défilent pour chuchoter à l'oreille de ce guérisseur d'étranges demandes. Ce dernier, avec un arabe incompréhensible, donne des recommandations et des rendez-vous. “Il va préparer des potions magiques et individuelles. Il n'est pas comme celui qui est à l'intérieur du marché”, dira une vieille femme qui vient toujours se rationner auprès de lui. Nul besoin alors d'être calculateur pour déduire que cela lui rapporte gros. Malgré la présence de plus d'un millier de médecins, des centaines de pharmacies et des structures sanitaires qui poussent dans toute la région, le nombre des adeptes du charlatanisme augmente de jour en jour. Selon des spécialistes, les principaux facteurs qui peuvent participer à la genèse du charlatanisme sont l'analphabétisme et l'absence d'éducation sanitaire. Chaâbane Bouarissa