La vice-présidente de l'association SOS Hépatites dénonce le silence des autorités qui avaient pourtant promis de lutter contre ces pathologies. “L'ex-ministre de la Santé avait promis la création de 56 centres de dépistage, mais rien n'a encore été fait.” C'est ce qu'a déclaré Mme Bekka Zahia, vice-présidente de l'association SOS Hépatites, lors de la conférence qu'elle a animée hier à la maison de la presse Tahar-Djaout à Alger. Elle annonce que 1,5 million d'Algériens sont porteurs de l'hépatite. L'écrasante majorité des malades est atteinte heureusement par la forme la plus bénigne, l'hépatite A, qui se transmet par la consommation de l'eau infectée par le virus. Presque toutes les personnes atteintes de l'hépatite A en guérissent. Quant aux hépatites B et C, elles représentent un véritable problème de santé publique ; elles touchent respectivement 2,5% et 2,7% de la population. La vice-présidente de l'association SOS Hépatites dénonce le silence des autorités qui avaient pourtant promis de lutter contre ces pathologies. “Le Comité national de lutte contre les hépatites, installé depuis deux ans, reste toujours non opérationnel”, révèle-t-elle. Cette situation n'améliore en rien les choses, puisque la prévention est rarement respectée dans le secteur de la santé, qu'il s'agisse des hôpitaux ou des établissements privés. “Les déchets provenant des activités médicales ne sont pas toujours séparés des ordures ménagères. Les gens qui manipulent ces déchets peuvent se contaminer”, explique-t-elle. Elle estime que la région est sérieusement endémique et espère l'intervention du département de la Santé pour remédier à ce problème de santé publique. Elle dénonce aussi le manque de centres de dépistage, alors que l'ex-ministre de la Santé Amar Tou avait promis l'ouverture de 56 unités du genre. Elle annonce que l'hépatite C, qui touche le personnel hospitalier, est reconnue maladie professionnelle, mais pas encore comme pathologie chronique. Elle préconise l'inspection des cabinets médicaux car l'hygiène n'y est pas respectée et la stérilisation du matériel y est assurée par des appareils non conformes. Elle propose aussi de former le personnel chargé de l'hygiène dans les hôpitaux. Elle aspire à une meilleure prise en charge psychologique des malades traités par interféron. “Ces malades dépriment et certains ont même essayé de mettre fin à leurs jours. Le traitement par interféron est une thérapie lourde. Chaque malade revient à 140 millions de centimes par an, pourquoi ne pas prendre en charge le volet psychologique ?” dit-elle encore. Elle estime que l'enveloppe allouée à la lutte contre les hépatites est conséquente : 350 milliards de centimes, mais regrette que, sur le terrain, rien n'est réellement fait pour éradiquer ces pathologies. Elle révèle aussi que les malades qui développent des cancers du foie ou la cirrhose meurent dans le silence car aucune “stratégie sérieuse de greffe de foie n'est arrêtée”. Enfin, elle préconise le dépistage des populations à risque pour prendre en charge les patients à temps, ce qui leur donne des chances de ne pas développer des complications. Djafar Amrane