Après maintes démarches à tous les niveaux de l'administration, les citoyens expropriés dans le cadre des réserves foncières reviennent à la charge, interpellent le président de la République, afin qu'ils puissent être indemnisés, pour leurs terrains nationalisés depuis plus de 20 ans, dans le cadre des réserves foncières communales. Selon le vice-président de l'Association pour la protection de la propriété privée, L. Djekidel, qui ne sait finalement à quel saint se vouer. Celui-ci saisira l'occasion pour nous dévoiler des centaines de correspondances adressées aux autorités locales et même à plus haut niveau toutes les années précédentes qui sont demeurées sans réponse, “des lettres mortes qui se ramassent à la pelle !”, ou alors des réponses expéditives classiques dans le genre : “Nous avons transmis votre lettre aux services compétents et nous attendons une réponse.” Des correspondances adressées à la présidence de la République et au chef du gouvernement il y a de cela 3 ans n'ont véritablement pas changé les choses. Statu quo et sourde oreille à tous les niveaux. “Ne s'agit-il pas, au point où en est la situation, d'une humiliation de la part des différentes administrations précédentes à propos des terrains appartenant à des citoyens munis de leurs actes notariés ?” s'interrogent les expropriés présents à notre entrevue, qui ajoutent : “Nous avons, certes, été expropriés dans l'intérêt public malgré que les logements OPGI ne peuvent pas y être considérés dans cette catégorie, nous l'admettons, mais attendre près d'une trentaine d'années pour finalement ne plus bénéficier de notre droit à l'indemnisation !” fin de citation. Précisons que ces terrains ont été vendus par l'APC de l'époque aux différents secteurs étatiques afin qu'ils mettent en place des infrastructures publiques, des immeubles et des villas qui seront acquises par cessibilité par les anciens responsables de ces secteurs et revendus par la suite à prix fort. Le vice-président de cette association de citoyens ajoutera que l'engrenage bureaucratique subi par ces malheureux citoyens avait découragé leurs parents, propriétaires d'origine de ces terrains “nationalisés” qui sont pour la plupart décédés et qui n'ont pas eu la possibilité de jouir de leurs biens. Il reste, en effet, de savoir si les héritiers en feront de même. Il ne s'agit pas de baisser les bras affirmera le responsable de l'association, surtout que les familles nombreuses de ces propriétaires nationalisés, par le fait d'être dépossédés de leurs biens, vivent dans une situation précaire et dont les enfants sont pour la plupart des chômeurs car ceci est d'autant plus paradoxal que certains héritiers demeurent jusqu'à présent locataires de logements OPGI situés dans des immeubles implantés sur leurs terrains nationalisés qu'ils regardent quotidiennement avec amertume et désespoir. “Qu'a fait l'administration devant cette situation ? De multiples raisons eurent été formulées par les APC précédentes pour expliquer le retard, voire l'impossibilité d'indemniser ces citoyens, à savoir que selon ces APC, la municipalité est toujours déficitaire, l'évaluation des terrains au tarif actuel risque d'alourdir le montant global des indemnisations.” Ce dossier, en effet, est devenu lourd car il a été hérité des différentes APC successives et qui n'a trouvé jusqu'à présent aucune issue. Il faudra préciser que ces terrains nationalisés se situent en effet dans des quartiers qui sont devenus résidentiels, et où le tarif du terrain au mettre carré ne cessera d'augmenter et dont il faudra bien trouver une solution urgente, d'autant plus qu'aucune poche quelle que soit sa surface ne pourra être attribuée à ces expropriés à des fins de compensation, car tous les emplacements ont été occupés. Les seuls terrains vides demeurent des terrains domaniaux, nous dira-t-on. Signalons enfin que le responsable de l'association des citoyens a tenu à rappeler que ces expropriés ont toujours agi dans la légalité et d'une manière pacifique afin de réclamer leurs droits croyant à une certaine justice et un certain idéal de la part de l'administration, et c'est la raison pour laquelle ils cherchent à interpeller une fois de plus le plus haut magistrat du pays pour que justice soit faite, car c'est au nom de la loi de la République qui garantit la protection des biens privés qu'ils ont été expropriés tout en précisant que la Constitution s'est portée désormais garante de la protection de la propriété privée. Rachid KADA