Un commando armé tchétchène retient en otages depuis mercredi soir au moins 700 personnes, dont des étrangers, dans un théâtre de Moscou : il exige la fin de la guerre menée en Tchétchénie. Entre quarante et cinquante hommes et femmes armés de fusils d'assaut prennent le contrôle de cette salle du sud-est de Moscou, où se joue une comédie musicale à succès. Le commando, dirigé selon le site Internet des indépendantiste (kavkaz.org) par Movsar Baraiev, neveu du chef de guerre tchétchène Arbi Baraiev tué l'an dernier, mine le bâtiment et menace de le faire sauter si les forces de l'ordre tentent de donner l'assaut. Les assaillants donnent sept jours aux autorités russes pour décider d'un arrêt des hostilités en Tchétchénie et entamer un retrait de leurs troupes. Des transports de troupes blindés prennent position autour du bâtiment, tandis que le groupe antiterroriste Alfa se rend sur place. Le commando affirme qu'il exécutera dix otages pour chacun des siens qui sera tué. Il exige que des représentants de la Croix-Rouge et de Médecins sans frontières (MSF), mais sans Russes dans leurs rangs, viennent engager des pourparlers. Vers minuit, un député tchétchène, Aslambek Aslakhanov avec le chef du commando. “Ils ont exprimé leurs revendications mais ne veulent pas de pourparlers”, déclare-t-il. Dans la nuit, le président Vladimir Poutine reste au Kremlin pour être tenu au courant de la situation. Il annule les deux premières étapes (Berlin et Lisbonne) d'un voyage à l'étranger qui devait débuter jeudi et le conduire à un sommet régional au Mexique. Vers 6h00 du matin (heure locale), un policier qui s'approchait de l'entrée du théâtre aurait été tué par le commando. Trois heures plus tard, une légère détonation est entendue dans la zone du théâtre. Selon un membre du commando, I'explosion est due à une grenade lancée par un de ses membres dans une pièce du bâtiment “par précaution”. Dans la matinée, le chef de la représentation à Moscou du Comité international de la Croix-Rouge, Michel Minnig, se rend au théâtre où le commando souhaite engager des pourparlers avec lui. Un contact permanent des autorités avec les preneurs d'otages est établi, selon un membre de la cellule de crise cité par Itar-Tass. Les dirigeants du parti libéral Union des forces de droite, Boris Nemtsov et Irina Khakamada, dont le commando a demandé la présence, arrivent sur place. À 13h30, un Britannique, une femme et ses trois enfants, ont été libérés. Des pourparlers ont commencé avec le commando, indiquent les services de sécurité russes (FSB), cités par Interfax. Le président Poutine, qui s'exprime pour la première fois, à l'issue d'une rencontre au Kremlin avec les principaux responsables de la sécurité nationale, affirme que la prise d'otages a été “planifiée depuis les centres terroristes étrangers”. Il demande aux services spéciaux d'entourer d'un maximum de sécurité la libération des personnes retenues. Les otages adressent une pétition à M. Poutine, lue à la télévision russe par l'un d'entre eux, dans laquelle ils lui demandent “d'arrêter la guerre en Tchétchénie”. A 18h30 (14h30 GMT), deux femmes otages réussissent à s'enfuir du théâtre, mais l'une d'elles est blessée par les grenades tirées contre elle, selon une source policière citée par l'agence Interfax. De leur côté, des membres du commando déclarent que la victime n'était pas leur otage mais avait tenté de pénétrer dans le théâtre, malgré leurs avertissements, ce qui les a conduits à la considérer comme un agent du FSB et à tirer sur elle. Une femme en tchador noir, présentée par la télévision satellitaire qatariote Al Jazira comme membre du commando dès preneurs d'otages, promet d'“assassiner des centaines de mécréants”. Selon un responsable du FSB, le leader du parti réformateur Iabloko, Grigori Iavlinski, mène des négociations avec le commando. Ces tractations ne donneront cependant lieu à aucune libération d'otage. Des médicaments et de la nourriture, celle-ci pour la première fois, ont été apportés aux otages dans la nuit de jeudi à vendredi. Des journalistes de la chaîne russe NTV sont également entrés dans le théâtre afin de prendre des images.