Embourbés dans cette guerre depuis trois ans, les Russes, qui ont perdu jusque-là 4 500 soldats, sortent les grands moyens pour faire face à des Tchétchènes très habiles dans la guérilla. La prise d'otages dans un théâtre moscovite, par un commando tchétchène, a provoqué une véritable onde de choc en Russie. Poutine, en premier, semble se réveiller de la léthargie pour s'attaquer “sérieusement” à ce conflit qui traîne en longueur. Le mot est vite trouvé pour justifier le branle-bas de combat des forces de sécurité russes : terrorisme Pour le président russe, il est temps de réviser la conception de la sécurité nationale du pays. Dans cet ordre d'idées, les forces armées seront utilisées dans la lutte antiterroriste. Sorti renforcé par l'opération de libération des otages appréciée par 85% des Russes, Vladimir Poutine change de stratégie pour tenter de régler la question tchétchène qui coûte cher au Trésor russe. La dernière perte en date est un hélicoptère MI-8, abattu par les rebelles tchétchènes, qui a également fait huit morts. Moscou veut des mesures radicales et entame une politique rigoureuse vis-à-vis des responsables de Grozny. Les autorités russes ont fait arrêter, hier, à Copenhague, l'émissaire du président tchétchène indépendantiste, Aslan Maskhadov, venu prendre part au “Congrès mondial tchétchène”. La police danoise, qui a reçu la demande russe vendredi, a exigé des informations complémentaires pour justifier l'arrestation de Akhmed Zakaiev. Ayant reçu les informations dimanche, les Danois ont agi dans la nuit de mardi à mercredi, car estimant que les accusations des Russes étaient suffisamment motivées et graves pour justifier l'arrestation du dirigeant tchétchène. Moscou accuse Zakaiev d'avoir planifié la prise en otages de 800 personnes dans un théâtre de la capitale russe. À signaler que le vœu du Kremlin de voir le congrès mondial tchétchène, qui s'est achevé mardi à Copenhague, n'a pas été exaucé par le Danemark. Ce refus a été très mal accueilli par Poutine, qui a annulé sa visite officielle dans ce pays, prévue pour le 12 novembre prochain. À Moscou, des investigations de la police moscovite ont abouti à l'arrestation d'une trentaine de suspects, soupçonnés de complicité dans la prise d'otages. Plusieurs ambassades dans la capitale russe sont également sur les tablettes des services de sécurité du Kremlin, qui leur reprocheraient d'avoir aidé les membres du commando tchétchène. Washington et Londres s'intéressent de près à la Tchétchénie. George Bush veut qu'un “dialogue politique” mette fin au conflit tchétchène et demande quel type de gaz a été utilisé par les forces russes dans l'assaut du théâtre pour libérer les otages. Les Britanniques vont plus loin, puisqu'ils opèrent déjà des recherches sur leurs ressortissants, qui faisaient partie des otages. “Les experts analysent les échantillons de sang et des vêtements pour trouver le gaz qui a été utilisé”, a affirmé le porte-parole du ministère britannique de la défense. Ainsi, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont toujours les yeux et les oreilles braqués sur ce qui se passe chez Poutine. K. A.