“Le terrorisme utilise la corruption comme moyen pour développer ses activités et les corrompus profitent de la situation sécuritaire pour subsister” ; c'est ce qu'a indiqué, hier, Alak Abdelouhab, professeur à l'université Larbi-Tébessi de Tébessa, lors de son intervention à la conférence organisée à la faculté de droit de Boudouaou par l'université M'hammed-Bouguerra de Boumerdès, consacrée à la corruption. L'orateur relève également l'inefficacité des organes de contrôle en Algérie pour lutter contre la corruption sur le terrain, comme il soulève l'insuffisance des mesures de prévention et d'inspection bien que plusieurs lois soient promulguées. “Il faut revoir certaines réglementations et les adapter à la situation actuelle pour parer à ces insuffisances”, a-t-il indiqué comme il a suggéré de réactiver les organes de contrôle, précisant que les résultats des travaux de la Cour des comptes sont rarement rendus publics, alors que cet organe est le garant de l'utilisation de l'argent public, ajoutera-t-il. Pour lui, la situation sociopolitique et économique n'a cessé de favoriser les conditions de la corruption, petite et grande et à tous les niveaux. Le professeur n'a pas manqué de soulever les carences du nouveau code des marchés qui vient d'être promulgué. “Le code des marchés n°62, qui vient d'être promulgué le 9 novembre dernier, renferme de nombreuses lacunes susceptibles de participer à la croissance de la corruption”, a-t-il indiqué. Il cite l'exemple des opérations de réévaluation des marchés publics, répétées et laissées à l'initiative des maîtres de l'ouvrage et des administrations, comme il soulève le manque de précisions sur les dispositions relatives à l'élaboration des cahiers des charges, sur les qualifications et sur les assurances des projets. M. Alak évoque aussi l'opération de privatisation qui a été menée en Algérie et que l'orateur a qualifiée de gaspillage d'argent public. “Les opérations de vente de certaines entreprises s'apparentent à de véritables opérations de bradage.” De son côté, le professeur Guechi Allel de l'université Saïd-Dahleb de Blida a axé son intervention sur la corruption dans certaines institutions, affirmant que la meilleure lutte contre la corruption reste la transparence dans le fonctionnement des institutions. “Le manque de contrôle et l'absence des inspections ont favorisé le développement de ce qu'on appelle la tchippa”, a indiqué le conférencier qui a précisé que le phénomène est surtout observé au niveau des administrations publiques, mais aussi dans certaines structures comme les assemblées élues. “Certains élus sont allés jusqu'à acheter des voix pour se réélire dans des assemblées élues, et ceux qui achètent des gens avec l'argent sont prêts à vendre le pays”, dira-t-il. L'animateur a suggéré de publier dans les journaux les faits ayant une relation avec la corruption comme il a proposé de revoir le code pénal pour durcir davantage les peines à l'endroit des corrompus. D'autres chercheurs sont également intervenus, lors de ces journées d'étude, pour parler des textes promulgués en Algérie sur la corruption. L'Algérie occupe une place non reluisante puisqu'elle est classée 93e sur un ensemble de 158 pays cette année. ? noter que M. Affani, chef de sûreté de la wilaya de Boumerdès, a parlé dans son allocution des progrès réalisés en matière de lutte contre la corruption ces dernières années, citant l'exemple de la loi dite 02-06 qui a permis de faire la lumière sur plusieurs cas de corruption. M. Affani parlera également des activités des organisations internationales mises en place pour lutter contre la corruption partout dans le monde. Ce séminaire se poursuit aujourd'hui avec l'intervention de plusieurs professeurs venus de tous les coins du pays qui parleront de blanchiment d'argent, du rôle des organes de contrôle dans la lutte contre la corruption et bien d'autres sujets toujours liés à la corruption. M. T.