Après une première édition en Syrie et une seconde en Allemagne, l'Arab Youth Philharmonic Orchestra (AYPO) a débarqué en Algérie pour une formation de 8 jours et un concert abrité, jeudi dernier, par le théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Divisée en deux, la première partie du gala a été consacrée à la musique universelle et la seconde à des hommages à Mohamed Iguerbouchène et Merzak Boudjemia. Une heure et demie durant, l'impossible a été réalisé : l'union arabe… musicale ! En effet, en présence de la ministre de la Culture Khalida Toumi, qui fait une petite déclaration, du créateur et directeur du jeune orchestre, le musicologue égyptien Fawzi Chami, ainsi que d'un public nombreux et attentif, 65 jeunes musiciens, entres violonistes, violoncellistes, clarinettistes, percussionnistes, contrebassistes, cornistes, trombonistes, bassonistes, trompettistes, flûtistes et joueurs de hautbois, venus de dix pays arabes et représentant ainsi différents instituts, universités et académies du monde arabe, notamment du Maroc, Tunisie, Syrie, Koweït, Irak, Jordanie, Palestine, Egypte, Soudan et bien sûr d'Algérie, se sont produits sur la scène de Bachtarzi sous la houlette du maestro Rachid Saouli. Après une formation qui s'est étalée du 18 au 26 novembre dernier, à l'Institut national supérieur de musique d'Alger (INSM), la 3e édition de l'Arab Youth Philharmonic Orchestra, dont l'âge varie entre 18 et 25 ans, a présenté à l'assistance le résultat et le fruit d'un travail concentré, reprenant ainsi de célèbres airs et standards de la musique universelle dans la première partie du gala, notamment l'Italienne à Alger, du compositeur italien Gioacchino Rossini, concerto pour deux clarinettes (en ré mineur) du chef d'orchestre allemand Jakob Ludwig Félix Mendelson, ou encore Suite n°1, du célèbre opéra Carmen du compositeur français Georges Bizet. La deuxième partie du concert a rendu hommage à la musique algérienne et à deux grands noms, deux illustres compositeurs, Mohamed Iguerbouchène et Merzak Boudjemia, dont les airs et les œuvres ont transcendé les frontières. Le choix s'est porté sur Mohamed Iguerbouchène, sur une Suite mauresque avec des extraits de Dans La Casbah, Danse mauresque et Blue Dream. Quant à Merzak Boudjemia, l'Orchestre a proposé un extrait de son œuvre intitulé le Panaf, qu'il a composée pour le festival culturel panafricain, en 1969, qui s'est tenu en Algérie. Le jeune orchestre a montré une grande harmonie sous la baguette de Rachid Saouli, qui a également signé l'arrangement de deux autres œuvres du patrimoine musical algérien, à savoir Wahran, d'Ahmed Wahbi, et Yemma Gouraya qui ont été présentées aussi lors de cette soirée. Harmonieux et concentrés, les musiciens de la 3e édition de l'Arab Youth Philharmonic Orchestra ont offert un beau moment musical. Par ailleurs et malgré la bonne volonté, une sorte de redondance et d'impression de déjà vu s'empare du spectateur, car l'Institut national supérieur de musique présente souvent les œuvres des mêmes musiciens, entre autres Bizet et Wahran, qui ont déjà été jouées le 15 octobre dernier dans le cadre de la fusion algéro-tunisienne. C'est répétitif et lassant à la longue. Pour des musiciens aussi jeunes et talentueux que ceux qui se sont produits jeudi dernier, des extraits plus légers, plus gais auraient été plus intéressants et captivants. Cependant, il n'en demeure pas moins que cette manifestation annuelle a rendu possible ce que la politique n'a pas réussi à faire. C'est en fait une véritable opportunité et un large champ d'expression pour les jeunes Arabes afin qu'ils puissent montrer tout leur savoir-faire. Notons que la prochaine édition sera co-organisée par les Etats-Unis et un autre pays arabe qui n'a pas encore été choisi. Sara Kharfi