“Il y a le feu à la Protection civile !” La métaphore est du secrétaire général de la section syndicale UGTA de l'unité principale de la Protection civile de Tizi Ouzou. Le syndicaliste répliquait à ses collèges sapeurs-pompiers qui observaient, mercredi dernier, un sit-in de protestation. L'action spontanée des sapeurs-pompiers a pris de court la section syndicale réduite à appeler au calme et jouer “les pompiers” dans la maison des pompiers. Selon les protestataires, la goutte qui a fait déborder le vase a trait à l'accusation de vol brandie par le directeur de la Protection civile à l'encontre des travailleurs. En effet, deux notes de service décidées par la direction n'ont pas été du goût des sapeurs-pompiers. Et pour cause, si la première note instaure une garde parmi les équipes d'intervention pour surveiller le parc et le magasin de stockage contre les vols, la seconde interdit instamment le stationnement des véhicules du personnel à l'intérieur de l'unité principale. “Notre mission est de veiller sur les biens d'autrui, et voilà qu'on n'a même pas le droit de surveiller les biens des collègues”, dénonce un syndicaliste visiblement remonté contre l'accusation de vol. “S'il y a vol, le directeur n'a pas le droit d'accuser tous les employés et les mettre dans le même sac”, déclare le même interlocuteur. Le secrétaire général de la section syndicale énumère les revendications que le directeur n'a pas daigné prendre en charge. Même le vaccin des agents pour lequel la direction générale de la Protection civile a dégagé un budget consistant n'est pas encore fait avec tous les risques encourus par les sapeurs-pompiers. Les mutations arbitraires, les logements de fonction non distribués à ce jour, l'accomplissement de certaines tâches qui ne relèvent pas des missions de la Protection civile, la lenteur dans la délivrance des documents administratifs, sont autant de problèmes soulevés par les représentants des employés. Mais c'est visiblement l'accusation de vol qui est restée en travers de la gorge pour les sapeurs-pompiers. “Accuser le personnel de vol, c'est tout simplement indigne de la part de l'administration”, proteste révolté le secrétaire général de la section syndicale. L'intimidation des syndicalistes officiers fait également partie des griefs retenus contre le directeur accusé d'avoir créé “une instabilité au niveau de la Protection civile de Tizi Ouzou qu'il dirige depuis une année.” “Nous n'avons pas trouvé d'interlocuteurs au niveau de la direction, le directeur est en mission, ses collaborateurs refusent d'assumer l'intérim ; c'est une fuite en avant”, tempête un syndicaliste. Devant cet état de fait, les sapeurs-pompiers, tout en levant leur sit-in, demandent l'intervention de la Direction générale de la Protection civile (DGPC). Le directeur Ahmed Dahmani étant absent, l'intérimaire le capitaine Challal minimise l'ampleur de la contestation. “Le directeur est parti en mission, moi je viens de rentrer d'une mission de formation en France, je ne suis pas au courant de ce qui s'est passé. Maintenant si les employés ont des revendications, ils nous les soumettent, et puis on va discuter”, affirme M. Challal un tantinet serein, avant d'ajouter, histoire de répliquer au syndicat : “il n'y a pas le feu en la demeure.” Yahia Arkat