La réforme agraire, dont Jacob Zuma veut faire sa priorité dès son accession à la présidence en 2009, devrait permettre la redistribution de 30% des terres. Mais les fermiers blancs de l'Afrique du Sud ne veulent pas comprendre cette mesure de la nouvelle Afrique du Sud, insistant sur son pouvoir multiracial. Les propriétaires, de véritables latifundistes, se disent désarçonnés et prêts à défendre leurs fermes. Le feu a été allumé par Jacob Zuma, le populaire leader de l'ANC, artisan de la chute du président Thabo Mbeki et candidat à la magistrature suprême. Quasiment assuré de s'asseoir dans le fauteuil présidentiel au printemps 2009, Zuma laisse entrevoir un coup de barre à gauche. Et la réforme agraire figure en tête de son agenda. Un casse-tête, cette réforme. Lancée en 1994 par Nelson Mandela, elle devait corriger l'apartheid. Aujourd'hui, le constat d'échec est partagé par tous les sud-africains de couleur. Quelque 79 000 parcelles ont été distribuées au 31 décembre 1998 mais, dans la grande majorité de cas, il s'agissait de terrains autour de bidonvilles ! Nombre de terres acquises par le gouvernement au profit des communautés noires sont, par ailleurs, en déshérence, faute d'investissements, de cadres et de système de propriété. Mandela avait souhaité un système collectiviste, style coopératives. Or, ce n'est pas dans le collectif qu'émergeront des fermiers commerciaux noirs. Le foncier agricole reste donc entier. C'est le problème le plus épineux. Un projet de loi permettant d'exproprier les fermiers qui refusent de vendre leurs terres a été retiré au dernier moment par l'ANC l'été dernier, par Mbeki le libéral. Zuma va présenter un nouveau texte. Les ex-afrikaners menacent le pays de devenir un deuxième Zimbabwe où une réforme agraire a expulsé la quasi-totalité des 4 000 fermiers blancs sans indemnités. Et le populisme de Mugabe a réduit un pays prospère en moins de dix ans à la famine. En Afrique du Sud, les fermiers blancs menacent d'organiser leur propre système d'autodéfense. Les violences dans les campagnes se noient dans une criminalité incontrôlée, qui a fait autour de 200 000 morts depuis 1994, en grande majorité noirs. D. B.