Les conséquences de la crise financière ont été vécues différemment mais l'intervention de l'Etat a été jugée indispensable dans tous les cas. Les pays directement touchés par la crise, les Etats-Unis d'abord, l'Europe ensuite, ont très vite réagi, après un processus de concertation pour limiter les dégâts et tenter de rétablir la confiance des épargnants. Il faut noter trois aspects déterminants dans ces interventions : 1- La crise a d'abord suscité plus qu'une méfiance à l'égard du système financier pouvant engendrer des retraits massifs des dépôts. Les banques seraient ainsi condamnées à une faillite irréversible. L'Etat apporte le soutien qui permet de rétablir la confiance. Il n'en demeure pas moins que ce soutien doit être mesuré et suffisamment ciblé pour que les ressources publiques ne soient pas gravement affectées. L'objectif majeur de cet interventionnisme est d'éviter qu'une crise, de nature financière à l'origine et qui pourrait affecter tous les rouages de l'économie. 2 - La crise peut évidemment avoir un impact économique et social et elle peut avoir des retombées au plan politique. S'il y a restriction ou limite du crédit, les entreprises seront contraintes de réduire leurs investissements et leurs activités, d'une façon générale. Il y a dans ce cas risque de grave récession pouvant se traduire par une augmentation du chômage et une baisse significative du pouvoir d'achat. Dans ce contexte, les dirigeants politiques perdraient leur crédibilité s'ils ne réagissent pas par des décisions qui limiteraient les effets de la crise et contribueraient à rétablir la confiance du citoyen. 3 - En termes d'impact politique, pour ne prendre que l'exemple des Etats-Unis, la crise intervient à la veille de l'élection présidentielle, la manière dont elle sera gérée aura certainement un impact sur les résultats des élections. En Europe, et en France plus particulièrement, la crise survient après le lancement d'un plan de réformes ambitieux qui nécessitent des coupes budgétaires et une réduction drastique des dépenses budgétaires. L'échec du programme pouvant être lié aux effets de la crise donnerait une marge de manœuvre à une opposition qui n'attend que les preuves irréfutables d'une déroute de la politique menée par le pouvoir en place. En Algérie, l'intervention de l'Etat auprès du système financier est une pratique courante. Il faut sans doute rappeler les formes d'intervention que l'Etat a eu à pratiquer auprès des entreprises qu'il n'est pas toujours aisé de qualifier d'actes de régulation : - Les campagnes de restructuration et d'assainissement financier ont consisté, pour l'essentiel : - à procéder à l'annulation des dettes publiques auprès des entreprises en difficulté. L'Etat renonce ainsi au recouvrement d'une créance qui doit être compensée par une autre ressource. Ce mécanisme n'a fonctionné qu'un temps : la réduction du gisement de la recette pétrolière devait limiter cette forme d'intervention. - Pratiquer le profilage ou la conversion de la forme de crédit. Les entreprises surendettées auprès de l'ex-BAD, pour des investissements lourds et dans l'incapacité de rembourser devaient souscrire à une reconversion en crédit participatif. C'est l'Etat propriétaire qui procède à la reconversion sous forme d'un crédit participatif. - Une autre forme d'intervention se traduit par des apports en cash, effectué généralement en ayant recours à l'artifice d'apport en compte courant d'associés. Ces apports sont rarement remboursés puisqu'ils sont souvent attribués à des entreprises en graves difficultés financières. - Vis-à-vis des banques, l'intervention du Trésor s'est traduite par le rachat des créances irrecouvrables, concernant des entreprises qui se retrouvent en situation d'insolvabilité. Certaines banques ont dû être recapitalisées pour répondre aux exigences imposées par les dispositions de la loi sur la monnaie et le crédit. L'augmentation du capital peut être aussi engendrée par un déséquilibre important issu des pertes de créances sur le secteur public. Ces opérations ont été menées face à des situations où les entreprises et les banques sont sauvées d'une faillite certaine. L'Etat a utilisé l'instrument de régulation parce qu'il en a les moyens, et surtout parce qu'il existe la possibilité de puiser d'autres gisements pour assurer les équilibres macroéconomiques. Dans le contexte actuel, quelle forme de régulation est-il possible d'envisager pour parer aux effets de la crise : - Considérer que la crise financière internationale n'affecte en rien l'aisance financière supposée ou réelle peut signifier que le taux directeur et les conditions de crédit seront maintenus à leur niveau actuel. Le financement des investissements et de l'exploitation des entreprises qui souscrivent au crédit ne sera pas affecté. - Prendre en compte la baisse significative et rapide du prix du baril de pétrole, en mesurer l'impact budgétaire, notamment en termes de fiscalité pétrolière constituerait une première mesure de précaution pour envisager des amendements sur la fiscalité ordinaire ou le régime douanier. - Réduire ou limiter les dépenses publiques plus particulièrement celles concernant les gros investissements établies sur des prévisions très optimistes constituerait une autre mesure pouvant limiter un équilibre sur la baisse des recettes en devises. À défaut de cerner toutes les conséquences immédiates ou différées de la crise, ces préoccupations ne peuvent être occultées. M. S. A. (*) Consultant en finances