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Aïn Témouchent : un transit pour les contrebandiers
Alors qu'elle ne constitue plus un passage
Publié dans Liberté le 06 - 12 - 2008

Si le phénomène harraga semble définitivement jugulé à Aïn Témouchent, d'autres phénomènes naissent. Les trafiquants évoluent en parallèle des dispositifs sécuritaires. La nouveauté est la ruée vers l'or. À Aïn Témouchent, c'est la chasse au trésor avec un procédé surréaliste où l'on invente une collaboration entre la technique et le charlatanisme. Un détecteur de métaux — il en a été saisi trois —, un charlatan pour psalmodier d'étranges versets qui détermineront le périmètre où est caché un trésor. Les détecteurs achetés en France sont démontés en pièces. La rumeur dit que cette région recèle des trésors cachés depuis longtemps. Ce qui explique ce nouveau phénomène.
Photocopie de la carte d'identité dans une main, talon de mandat dans l'autre, elle scrute quelques sourires sur les visages crispés par le froid, implorant le pardon, du haut de ses 66 ans, parce qu'elle a fauté. Elle en est consciente, l'avoue sur un ton suppliant comme dans une comédie parfaitement maîtrisée. Son travail, cette mère de cinq enfants, comme elle le précise, consiste à convoyer des paquets de vêtements de contrebande, faisant la navette entre Maghnia et Oran en traversant Aïn Témouchent. Elle passe d'un visage à un autre dans l'espoir de se faire pardonner et continuer son chemin. Son autre argument est une amende qu'on lui a “infligée” pour les mêmes faits qu'elle brandit. Inversement, cela prouve qu'elle n'est pas à son premier coup et qu'elle est une habituée dans “le métier”. “Rien que deux malheureux paquets de 60 tee-shirts”, chacun de maladroite imitation de maillot de clubs français de football. Les autres se taisent. Chaque occupant de ce taxi a ses paquets. Chacun est payé pour acheminer “la camelote” à Oran. Selon les jours, ils prennent entre 60 et 120 DA sur chaque pièce qui arrive à destination. Mais, personne n'avouera les commanditaires. Pourtant, en plus de la saisie de la marchandise, tout le monde passera à l'amende qui sera payée, selon le commandant de groupement, par les commanditaires. Chaussures, tricots, pantalons, blousons et du henné de Marrakech. Les convoyeurs ramènent avec eux les emballages d'origine pliés qui seront remis en l'état une fois arrivés au marché. Dans le froid de la nuit, un moment insoupçonné, une nouvelle saisie. Un fourgon transportant 600 paires de chaussures.
Les contrebandiers recrutent à longueur d'année
Le scénario se répète indéfiniment, tout au long de l'année. Il est quasi quotidien dans cette wilaya tampon, entre Tlemcen et Oran. Mais, le personnel manque. Et les contrebandiers ont recruté à tout-va, des jeunes et des plus âgés. À la brigade de gendarmerie, assis sur un banc, un autre groupe vient de passer déjà la première épreuve. Le plus jeune, un habitué de ce job, connaît parfaitement “la musique”. Saisie, amende et rebelote. Il fait ce métier de passeur pour nourrir sa famille, dit-il avec aplomb. Dans une pièce à côté, la marchandise, essentiellement des chaussures, des tricots et des pantalons jeans “jetables” : du faux de très mauvaise qualité fabriqués au Maroc. Les contrebandiers utilisent souvent les services des taxis et les voitures de location pour éviter les saisies de véhicules en cas d'interception. Si le phénomène harraga semble définitivement jugulé à Aïn Témouchent, d'autres phénomènes naissent. Les trafiquants évoluent en parallèle des dispositifs sécuritaires. La nouveauté est la ruée vers l'or. Rien à voir avec le Dawson décrit par Jack London, où l'on fait de longues et dures expéditions en des contrées lointaines et inconnues. À Aïn Témouchent, c'est la chasse au trésor avec un procédé surréaliste où l'on invente une collaboration entre la technique et le charlatanisme. Un détecteur de métaux — il en a été saisi trois —, un charlatan pour psalmodier d'étranges versets qui détermineront le périmètre où est caché un trésor. Les détecteurs achetés en France sont démontés en pièces. La rumeur dit que cette région recèle des trésors cachés depuis longtemps. Ce qui explique ce nouveau phénomène.
Un maillage sécuritaire à renforcer
Le maillage du territoire a permis de maîtriser toute la wilaya, mais la mer ne s'arrête pas de “travailler” et de renvoyer à terre tout ce qu'elle a avalé. Alors qu'elle a arrêté de dévorer les jeunes harragas dissuadés par le dispositif de surveillance des 80 km de côtes, le littoral de Témouchent, avec ses multiples couloirs de courant, expédie sur ses rivages des dauphins, phénomène actuellement en étude, mais surtout de la drogue que des “spécialistes” locaux se chargent de récupérer. Déguisés en pêcheur, armés d'une sorte de perche, ils se pointent à des endroits bien précis, connus pour leur courant, dès après le mauvais temps. Il a été arrêté 25 personnes chargées de la récupération en mer des paquets de kif. La dernière prise qui remonte à une semaine est de 11 kilos, avec arrestation de 10 personnes à Targa et la saisie de trois véhicules. Le baron est un bijoutier de la ville et le plus âgé, un récidiviste, a 60 ans. En tout, la GN de Aïn Témouchent a arrêté une dizaine de barons originaires essentiellement de Tlemcen et d'Oran. Les réseaux ne sont cependant pas uniquement nationaux. L'enquête sur un Zodiac, intercepté avec à son bord 17 quintaux de kif, a révélé que l'embarcation appartenait à un Russo-Belge dénommé Vladimir, un baron de la drogue recherché par Interpol. La mer a rejeté également une plaquette de capsules contenant 6 grammes de cocaïne. Elle se présente comme une plaquette de comprimés. Et pour la première fois, des explosifs. En forme de boîte de conserve cylindrique avec une mèche lente, cet explosif proche de la dynamite contient du souffre, de l'insecticide agricole et de l'engrais. D'origine espagnole, cet “engin” coûterait cher, selon l'officier de la gendarmerie, qui estime qu'il n'est pas à la portée des Algériens. Pourtant, il est utilisé par les pêcheurs. La gendarmerie a saisi également 60 mines antipersonnel et arrêté 3 personnes, toutes exerçant la pêche. Il a été signalé, par ailleurs, le vol d'une grande quantité d'insecticide dans une ferme. Entre 300 et 400 litres, a-t-on estimé.
Les subterfuges se multiplient pour échapper aux services de sécurité
Les trafiquants et contrebandiers varient leurs subterfuges, les procédés et n'épargnent aucun créneau. Voitures, pièces de rechange, cheptel, moteurs, câbles électriques et téléphoniques, ciment. La pièce de rechange provient généralement de véhicules volés en Espagne, désossés au Maroc et vendus en Algérie. Tous les accessoires mécaniques y passent quand ce n'est pas des véhiculent en entier. L'astuce est simple. Les voleurs ne s'encombrent pas d'ingéniosité, ils collent une nouvelle immatriculation, une immatriculation qui existe déjà, sur la plaque d'origine qui est généralement étrangère, souvent marocaine. Ce trafic s'accompagne parfois de celui des faux billets. Six véhicules ont été saisis dans ce cadre. Il sévit un grand trafic de ciment où s'organise une vaste spéculation. Cela s'organise autour des bons qui changent de main et du produit qui prend une autre direction, généralement les hangars des fermes loués, où le ciment est mis dans des sacs avec des inscriptions imitant des marques courantes. Quinze personnes ont été arrêtées et 400 tonnes saisies. Le mouton est aussi un produit ciblé et n'a pas échappé aux prédateurs. Une bande spécialisée dans ce créneau a été démantelée. Les neuf membres de la bande de différentes wilayas de l'Ouest opèrent avec armes et cagoules. Ils volent le cheptel dans une wilaya de l'Ouest, louent un camion pour les transporter dans une autre wilaya où ils louent plusieurs hangars de ferme pour disséminer le troupeau. Pas moins de 345 moutons ont été récupérés dans ce coup. La dernière affaire, 72 moutons, remonte à une semaine.
Détournement de fonds sociaux et gaspillage
Pour clore ce chapitre sombre, une enquête sur une affaire de détournement des œuvres sociales dans une entreprise publique. Le dossier n'est pas encore bouclé, mais 30 personnes sont déjà impliquées et le préjudice est estimé à 22 milliards de centimes. L'affaire qui a éclaté suite à une dénonciation remonte, en fait, à 1997. Toute une histoire de gaspillage, de trafic, de détournement et de falsification des contributions des salariés. Toutefois, Aïn Témouchent ne se drape pas uniquement de noir. Elle connaît des investissements très importants, à l'instar de la station de dessalement d'eau, de la centrale électrique, du gazoduc Medgaz…, qui ont créé des centaines de postes d'emploi pour la main-d'œuvre locale. Mais, la contrebande et le trafic en tous genres continueront, tout au moins par obligation géographique, à exister à Aïn Témouchent, la zone inévitable de transit. Et aux services de sécurité de poursuivre leur traque.
D. B.


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