Les autorités ont décidé de franchir un nouveau cap dans la lutte contre l'émigration clandestine, un phénomène où des trafiquants de drogue semblent s'impliquer. Le premier dispositif mis en place par le gouvernement pour juguler ces deux phénomènes suicidaires a, certes, porté ses fruits. En témoignent les chiffres avancés par les gardes-côtes et la Gendarmerie nationale. Moins de tentations du côté des jeunes voulant prendre de gros risques, mais plus d'engouement du côté des passeurs qui continuent à provoquer des malheurs sur le dos des cas désespérés. Et si, en amont, les pouvoirs publics ont décidé de sévir au nom de la justice, en aval, en revanche, le problème demeure posé. Les harragas sont victimes des passeurs qui leur proposent des “formules alléchantes”, mais empoisonnées, pour tirer des dividendes de ce business. Et c'est là que les autorités sécuritaires ont décidé de prévenir. En effet, pas moins de 150 postes de surveillance ont été créés au niveau de la seule côte ouest du pays pour verrouiller les points noirs, notamment là où des dizaines de corps inertes ont été rejetés par la mer. Ces postes de contrôle sont notamment installés à Oran à Aïn Témouchent, en passant par Mostaganem, mais aussi aux points de chute des harragas comme les plages sauvages de Béni Saf, Madagh, Tlemcen, El- Marsa et Oulhassa. Selon notre source, pas moins de 500 gardes communaux ont été recrutés au niveau de ces postes pour assurer une couverture maximale. Ces gardes communaux, appuyés par des unités de renseignements, sont directement liés aux brigades de la Gendarmerie nationale. Cette parade a donné lieu à l'arrestation de 14 jeunes qui tentaient de se rendre clandestinement en Espagne via les plages sauvages d'Oran et d'Aïn Témouchent. Les autorités sécuritaires ont décidé de déployer tous les moyens d'intervention pour mettre un terme au trafic humain, un nouveau commerce qui provoque des drames sociaux. Cette première opération sera incessamment élargie pour toucher la côte est de l'Algérie. Plus de 150 autres nouveaux postes de surveillance seront mis en place pour ainsi canaliser les “points de départ” des harragas, mais, surtout pour démanteler graduellement les réseaux du trafic humain qui s'organisent de plus en plus tant en Algérie que dans les pays limitrophes. Annaba et El-Tarf seront les premières régions à être touchées par ce dispositif. Face à ce trafic d'un nouveau genre, la drogue et les milliers de sacs en plastique hermétiques qui échouent sur nos plages et dans lesquels sont enfouis des centaines de kilos de kif traité. Décidé à déclarer la guerre aux narcotrafiquants au niveau des frontières terrestres, la Gendarmerie a mis en place, en 2008, plus de 150 postes de surveillance sur la bande frontalière algéro-marocaine allant de Maghnia à Naâma. Les points noirs du Sud, comme Tabelbala et Zeghdou étant verrouillés par les GGF, les réseaux internationaux de trafic de drogue basés au Maroc ont trouvé un palliatif, pas assez efficace, certes, mais qui leur permet d'acheminer la marchandise vers l'Egypte, en transitant par l'Algérie et la Mauritanie. Et s'ils continuent à bénéficier d'une grande complicité des gardes-frontières marocains pour menacer l'Algérie, il faut relever le degré de vigilance des GGF algériens qui ont, eux en revanche, bénéficié de tous les moyens adéquats pour mener une guerre sans merci contre les narcotrafiquants, un axe prioritaire pour le patron de la Gendarmerie, le général major Ahmed Bousteïla. FARID BELGACEM