Exigeant qu'il n'y ait " pas de retour au point zéro " dans ses négociations avec le front Polisario, le Maroc a, dans une missive adressée au secrétaire général des Nations Unies, encore une fois posé ses conditions pour que les discussions mènent au plan d'autonomie qu'il présente comme seule solution au conflit du Sahara Occidental. Dans un exposé sur les développements de la question de l'intégrité territoriale du royaume, devant le Conseil de gouvernement réuni jeudi à Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïb Fassi Fihri, a indiqué que son pays a réitéré au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, "sa ferme détermination à poursuivre les négociations, avec le sérieux et la bonne foi requis, sur la question du Sahara, mais sans retour à la case départ". Ainsi, anticipant sur la reprise des négociations avec le Front Polisario, le royaume alaouite tente d'imposer un cadre de négociations conformément à ses visées expansionnistes tendant à ce que seule sa proposition d'autonomie soit discutée lors du cinquième round des pourparlers maroco-sahraouis. Ne se limitant pas à cela, le Maroc s'attelle à vouloir orienter la mission du nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental dans la direction qui l'arrange et consistant à la circonscrire au point relatif à l'autonomie. Dans cette optique, le ministre marocain dit : "Il y a un consensus sur le fait que la mission du nouvel envoyé de l'ONU ne pourra que s'inscrire dans le cadre de la résolution 1813 du Conseil de sécurité de l'ONU. À savoir que les négociations demeureront inscrites dans un esprit de réalisme et de consensus." Dans le but de mettre les Nations unies et la communauté internationale devant le fait accompli, Taïb Fassi Fihri révélera que le Maroc était "décidé à commencer la régionalisation élargie dans ses provinces du Sud (ndlr : comprendre Sahara occidental), en prélude à l'autonomie qu'il préconise". Le chef de la diplomatie marocaine émettra le souhait que les négociations avec le Front Polisario conduisent à discuter le projet d'autonomie "sous tous ses aspects". En d'autres termes, Mohammed VI refuse catégoriquement de parler d'autre chose que la légalisation de l'annexion du Sahara occidental à son royaume. Il persiste à rejeter tout référendum d'autodétermination envisageant l'indépendance du territoire, tel que réclamée par le Front Polisario. Pour rappel, les dirigeants sahraouis demandent la tenue d'un véritable référendum d'autodétermination, qui engloberait comme proposition, outre le plan d'autonomie marocain, les options de l'intégration pure et simple du Sahara occidental au Maroc et de l'indépendance de ce territoire. Cela étant, depuis juin 2007, le Maroc et le Polisario ont mené quatre rounds de négociations infructueuses à Manhasset, près de New York, et devraient en principe renouer les discutions prochainement. Les choses seront plus claires, une fois que la nomination de l'Américain Christopher Ross, en qualité d'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, à la place du Néerlandais Peter van Walsum, n'a pas été reconduit après qu'il eut créé la controverse en s'alignant sur les thèses marocaines. L'officialisation de la désignation de Christopher Ross prend du temps, pour des raisons obscures. Merzak T.