Le fait le plus marquant de la célébration des fêtes de l'Aïd el Kebir à Mila reste cet élan de solidarité qui se met en place entre les citoyens. En effet, les pauvres sont amplement pris en charge par des proches, des voisins, voire par des associations qui organisent la collecte des dons de viande avant de la répartir sur les ménages nécessiteux préalablement répertoriés. En plus de ces dons de viande, les peaux des bêtes sacrifiées sont également données aux mosquées. Ces peaux sont vendues aux tanneries de la région et les revenus sont insufflés dans le budget de la mosquée. Sur ce chapitre des actions louables, on peut greffer également cette pratique sociale observée dans la commune de Grarem, à une douzaine de kilomètres au nord du chef-lieu de wilaya, l'occasion de l'Aïd est saisie et mise à profit par les sages et les notables de l'agglomération qui arrangent des rencontres de réconciliation entre des personnes qui s'étaient fâchées au courant de l'année. P arallèlement, des pratiques peu orthodoxes sont en train de faire leur petit bonhomme de chemin malgré les condamnations dont elles ont fait l'objet de la part des imams. Allusion aux combats de moutons, aux sacrifices collectifs sur les places publiques au lieu des abattoirs et à certains usages superstitieux consistant à accrocher des parties du corps de la bête immolée sur des habitations pour conjurer le mauvais œil, dit-on. A cela s'ajoutent des pratiques d'un autre âge d'usage en milieu rural en particulier. Il s'agit de l'emploi de la vésicule biliaire ou des cornes de l'animal sacrifié pour se protéger contre le mauvais œil, selon des croyances. “On a toujours accroché la vésicule du mouton au-dessus de la porte de la maison pour chasser le mauvais sort”, nous dira une vieille femme là-dessus. Signalons que la vésicule biliaire du mouton est, dans certains milieux, employée également dans le sevrage des nourrissons. Bouabdellah K.